Lart du vide : des gamelles et des bidons
Par Marie-Claire Roy | 1 décembre 2010 | Art contemporain |
Peu de chose, ce nest pas rien, mais le rien, cest quelque chose ! comme aurait dit feu Raymond Devos. Surtout dans le domaine de lart contemporain. Enfin, disons plutôt dans ce bizness daigrefins sponsorisé par les institutions officielles. Retour sur une année de promotion du vide.
On ne peut tout évoquer bien sûr, le vide étant une activité où, par définition, lon brasse beaucoup dair, mais quelques événements majeurs ont émaillé en creux lannée passée et méritent dêtre évoqués.
Avant dentrer dans cette recension, il convient toutefois de souligner que le vide se reconnaît non seulement à labsence de contenu, mais à limportance du contenant et surtout du baratin pour lexpliciter, lesquels sont inversement proportionnels à la chose. On notera également que plus le vide est sidéral, plus le terrorisme du milieu est sévère : pas le droit de critiquer, pas le droit de rigoler.
Une situation postmoderne de lappréciation du contour du néant
Le moment le plus fort a toutefois été lexposition Vides qui sest tenue durant un mois à Beaubourg le printemps dernier (voir FLASH N°10). Pas de risque dêtre trompé sur la marchandise, on savait où on mettait les pieds : Manifestation exceptionnelle, Vides est une rétrospective des expositions vides depuis celle dYves Klein en 1958. Dans une dizaine de salles du Musée national dart moderne, elle rassemble, de manière inédite, des expositions qui nont rigoureusement rien montré, laissant vide lespace pour lequel elles étaient pensées, disait lannonce. Cette fois, on ne pouvait même pas sen mettre plein les semelles. En revanche, difficile, à moins dêtre bac + 15 en verbiage conceptuel, de comprendre laporie et le négatif de lenvers des choses, dans une situation postmoderne de lappréciation du contour du néant.
Comme nous lécrivions alors, six commissaires se sont pourtant partagé les bénéfices du vide : Laurent Le Bon, John Armleder, Mathieu Copeland, Gustav Metzger, Mai-Thu Perret, Clive Phillpot. Leur travail ? 500 pages de textes fumeux, véritable anthologie du rien : Une profondeur interne, Rendre visible linvisible, Qualifier le vide, Ne reposer sur rien, Le vide nest pas ce quil est censé être, Un videplein, etc. Le tout réuni dans un catalogue vendu 60 euros (39 en couverture souple). Quand on vous dit que cest un bizness
Plutôt Sarko que Hu Jintao
Dernière fumisterie à laquelle Mitterrand-le-tout-mou a prêté son concours : linstallation de Mademoiselle Ko Siu Lan, artiste chinoise en résidence à lEcole des Beaux-Arts de Paris.
Dans une démarche qui nest pas sans rappeler le bourgeois gentilhomme de Molière, ce brave Monsieur Jourdain qui sémerveillait dêtre prosateur sans le savoir, Mlle Siu fait de lart avec la politique. Son uvre est en effet constituée de deux bannières de sept mètres de haut (accrochées côté Seine sur la façade des Beaux-Arts) comportant en blanc sur fond noir ces quatre mots : Travailler, Gagner, Plus, Moins. Ce qui, prend-on la peine de nous préciser, peut se décliner en : Gagner Plus Travailler Moins, Travailler Plus Gagner Moins, Travailler Moins Gagner Moins, Travailler Plus Gagner Plus, Plus Gagner Plus Travailler, etc. Ben oui, cest tellement puissant quon ny aurait pas pensé tout seul.
Pour une raison qui nest assurément pas la bonne largument de la nullité aurait suffi la direction de lEcole avait fait retirer les bannières quelques heures seulement après leur installation, mercredi dernier. Le ministre les a fait remettre en place. Lartiste nentendait pas en rester là. Elle a menacé : Cela montre à mes yeux dans quel climat conservateur est tombée la France de Sarkozy, et à quel point celui-ci fait peur. Je demande que mon travail soit remis sur la façade et que lécole donne une explication officielle à cette censure et sexcuse. Je réfléchis aussi à une éventuelle action judiciaire.
En homme de la situation, Mitterrand sest couché. Vaseline pour tout le monde. Voilà ce qui arrive quand on va à la gamelle.
Cest le président Hu Jintao qui doit bien rigoler !
FLASH MAGAZINE
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