La Pologne veut «consoler» Airbus avec un nouvel appel d'offres
Par lefigaro.fr Publié le 12/10/2016 à 12:20
L'Eurocopter EC725 Caracal, fabriqué par Airbus Helicopters.
Cette annonce fait suite à la réaction virulente d'Airbus qui reproche au gouvernement polonais d'avoir rompu unilatéralement son contrat pour la fourniture de 50 hélicoptères militaires.
Pologne versus Airbus, épisode 3. Après avoir rompu le contrat portant sur l'achat d'hélicoptères militaires Caracal construits par la filiale d'Airbus Group, et après avoir déclaré que son choix se portait finalement sur le concurrent américain Lockheed Martin, le gouvernement polonais lance une nouvelle pique à l'avionneur européen. Il annonce ce mercredi qu'un nouvel appel d'offres pour des hélicoptères militaires allait être lancé et que «pour consoler le groupe Airbus», ce dernier «aura la possibilité d'y participer». La phrase est signée Rafal Bochenek, porte-parole du gouvernement conservateur de Varsovie.
Interrogé sur la radio publique Jedynka, ce dernier n'a pas livré plus de détail sur ce nouvel appel d'offres. Hier, le ministre polonais de la Défense, Antoni Macierewicz, avait toutefois annoncé que l'armée polonaise avait besoin de 50 à 70 appareils, fabriqués en Pologne mais aussi à l'étranger. Il avait déjà fait savoir que l'américain Lockheed Martin allait lui livrer deux hélicoptères Black Hawk cette année, puis huit en 2017 et onze l'année suivante. «D'autres suivront, fournis tant par Mielec que par de Swidnik», les usines respectives de Sikorsky Aircraft Corporation, filiale de Lockheed Martin, et de Leonardo/Finmeccanica.
De nombreux observateurs pensent que des contacts avec Lockheed Martin ont été noués avant même l'abandon officiel des pourparlers avec Airbus annoncé par Varsovie le 4 octobre. Cette hypothèse est aussi avancée par l'opposition centriste qui a demandé la création d'une commission d'enquête parlementaire sur les contrats d'armement.
«Dommage que les lettres avec de tels arguments soient écrites après la fin des négociations»
Rafal Bochenek, porte-parole du gouvernement polonais
Hier, le patron d'Airbus Group, Tom Enders, s'en est violemment pris au gouvernement dirigé par le parti eurosceptique Droit et Justice (PiS) depuis sa victoire aux législatives d'octobre 2015. «Nous n'avons jamais été traités comme ça par un gouvernement client comme nous l'avons été par ce gouvernement» , a-t-il déclaré, déplorant d'avoir «l'impression d'avoir été menés en bateau pendant des mois». Selon lui, «Airbus voulait vraiment investir en Pologne (...) mais le gouvernement polonais nous a claqué la porte au nez. Nous en prenons bonne note», a-t-il regretté. Avant de menacer de «demander réparation».
Avant lui, le PDG d'Airbus Helicopters, Guillaume Faury, avait adressé à la première ministre polonaise Beata Szydlo, une lettre ouverte tout aussi virulente dans laquelle il dénonçait les arguments avancés par la Pologne pour écarter son offre. Il assure avoir porté son engagement à 3,14 milliards d'euros, la valeur de cette offre étant supérieure aux recettes que ce contrat lui aurait apportées. Il affirme aussi que le contrat, négocié avec le précédent gouvernement, aurait entraîné la création de 3800 emplois en Pologne. «Dommage que les lettres avec de tels arguments soient écrites après la fin des négociations car ce genre d'information n'est inscrit dans aucun des documents officiels présentés par Airbus», a ironisé Rafal Bochenek ce mercredi.
Le nouvel appel d'offres pourrait ne pas suffire à apaiser les tensions entre les deux pays. Mardi soir, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, s'est d'ailleurs entretenu au téléphone avec son homologue polonais, notamment à propos de l'affaire Caracal. De son côté, Français Hollande a reporté une visite prévue à Varsovie jeudi. Actionnaire à 11% d'Airbus Group, la France songerait à instaurer des mesures de rétorsion.
