Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Plus de 40 000 produits accessibles à 0€ de frais de courtage
Découvrir Boursomarkets
Fermer

« Vers un ralentissement brutal de l’économie chinoise en 2015 ? » par Jean-Luc Buchalet (Cercle des analystes indépendants)
information fournie par Boursorama 03/10/2014 à 16:45

L’objectif des 7.5% de croissance pour 2014 du gouvernement chinois aura beaucoup de mal à être atteint.

L’objectif des 7.5% de croissance pour 2014 du gouvernement chinois aura beaucoup de mal à être atteint.

L’économie chinoise devrait subir le dégonflement d’une immense bulle immobilière estime Jean-Luc Buchalet, économiste et membre du Cercle des analystes indépendants. Un véritable test pour le pouvoir chinois.

Après avoir très légèrement rebondi au cours du deuxième trimestre à la faveur de mesures de soutien ciblées, l’économie chinoise est en train à nouveau de ralentir et l’objectif des 7.5% de croissance pour 2014 du gouvernement aura beaucoup de mal à être atteint. Les anticipations des acteurs économiques sont mauvaises. La plupart des derniers chiffres économiques montrent un réel ralentissement. La croissance de la production industrielle est au plus bas depuis six ans (6.8% en rythme annuel), les investissements directs étrangers sont au plus bas depuis quatre ans (en baisse de 17% en rythme annuel), la consommation des ménages poursuit son ralentissement, et pour le quatrième mois consécutif les prix de l’immobilier sont en baisse tandis que les prix des logements neufs baissent dans 68 des 70 villes suivies par le bureau des statistiques... En 2009, la Chine a choisi d’abandonner le modèle allemand pour lui préférer le modèle espagnol. L’endettement global est passé de 150% du PIB en 2014 à plus de 246% en 2014 , soit une explosion de la dette de près de 100% du PIB. Six ans plus tard les dégâts sont considérables et nous nous approchons inexorablement vers le point de non-retour.

L’une des plus grandes bulles immobilières de l’histoire économique moderne est en voie de se dégonfler en Chine . Li Ka-Shing, milliardaire et membre influent de l’une des familles chinoises les plus riches, a vendu pour plus de 3 milliards de dollars d’immobilier commercial (représentant 10% de sa fortune) et s’apprête à poursuivre ses ventes au cours des prochains mois alors que les défauts sur l’obligataire et les emprunts accélèrent dangereusement. Des signes de craquement dans l’industrie minière, du photovoltaïque… et de la métallurgie sont apparus ces dernières semaines.

Les taux d’investissement n’ont jamais atteint un tel niveau avec une contribution moyenne à la croissance de 50% depuis 2009. Avec de tels chiffres, il est difficile d’adhérer au scénario de « soft landing » retenu par la majorité des économistes.

Selon les données de consommation d’électricité disponibles, on constate que près de 27% des résidences urbaines n’utilisent pas d’électricité et seraient donc vacantes… Les nouvelles constructions se sont contractées de 16% en mars 2014. L’un des grands promoteurs chinois vient d’ailleurs de brader son stock trop important d’invendus… avec une baisse des prix de 40%. Lorsque l’on connait la sensibilité de la consommation des ménages chinois au prix de l’immobilier, on devrait assister au cours des prochains trimestres à la poursuite du ralentissement des dépenses de consommation qui devaient pourtant prendre le relais de l’investissement. Une large partie de l’épargne des ménages chinois a été investie dans l’immobilier en dépit d’une surévaluation évidente : les ratios prix sur revenu se situent entre 28 et 35 fois dans les plus grandes villes chinoises.

Le problème est qu’ une bulle immobilière ne se corrige jamais en douceur . La chute de l’immobilier, qui pèse pour plus de 15% du PIB chinois, provoquera des faillites en chaine des promoteurs immobiliers et du Shadow banking, entrainant dans sa chute une déflation généralisée des actifs financiers en Chine.

Conscient de ce risque de ralentissement brutal de l’économie, le pouvoir chinois se prépare à affronter la tempête. Xi Jinping s’en inquiète au plus haut point . Sa légitimité auprès des ménages chinois repose sur sa capacité à améliorer les conditions de vie du plus grand nombre. La grande campagne de lutte contre la corruption relève de ce principe, notamment avec la mise sous enquête officielle de Zhou Yonkang, ancien patron des services secrets ou d’autres personnalités très hauts placées dans l’appareil politique ou industriel faisant figure auparavant d’intouchable. L’homme de la rue manifeste sa grande satisfaction et en redemande. Les attaques musclées contre les entreprises étrangères qui plient sur le coup d’enquêtes antitrust, avec à la clé des amendes records, vont là aussi dans ce sens.

Le volet diplomatico-militaire est peut-être le plus inquiétant avec cet été le quasi accrochage entre les avions de chasse chinois et américains au large de la Chine. Même chose avec ses voisins asiatiques . La thématique du nationalisme est particulièrement fédératrice au près du peuple chinois quel que soit l’âge. Parallèlement, Pékin s’emploie méthodiquement à écraser dans l’œuf toute velléité de démocratie et de multipartisme avec une répression particulièrement violente. Voyant l’arrivée de la tempête du ralentissement, Xi Jinping s’emploie à mettre de l’ordre dans sa maison, disciplinant son entourage. Il lui reste à espérer que la tempête sera contenue. Les tensions politiques à Hong Kong sont un test vis-à-vis du pouvoir à Pékin .

Jean-Luc Buchalet

6 commentaires

  • 06 octobre 17:22

    une bulle ne se dégonfle pas...elle explose (comme les subprimes)


Signaler le commentaire

Fermer

Mes listes

Cette liste ne contient aucune valeur.