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Rétrospective 2014 : l'Europe, l'homme malade de l'économie mondiale
information fournie par Boursorama 24/12/2014 à 16:05

La zone euro a échappé à la déflation en 2014. Pour combien de temps ?

La zone euro a échappé à la déflation en 2014. Pour combien de temps ?

En 2014, l’économie européenne est apparue à la traîne de l’économie mondiale. Et la France figure désormais comme l’homme malade de l’Europe, trop endettée et difficilement réformable. Paradoxe, elle n’aura pourtant jamais emprunté à des taux aussi bas.

En 2014, la zone euro a échappé à la récession . Sur ce point, les statistiques sont formelles. Selon la BCE, le PIB devrait au final progresser de 0,8% cette année. Elle aura échappé également à la déflation puisque le taux d’inflation devrait ressortir aux alentours de 0,5%. Pourtant, les investisseurs n’auront cessé de s’inquiéter pour l’Europe désormais vue comme l’homme malade de l’économie mondiale. L’Europe est-elle en voie de « japonisation » ? La question aura été souvent posée au cours de l’année. Pour tenter d’éviter d’entrer dans cette spirale de baisse des prix des salaires et des actifs, dont il est si difficile de sortir, les dirigeants européens auront eu bien du mal à s’entendre pour envisager la riposte. La priorité est toujours à la réduction des déficits. La Commission européenne a bien prévu un plan de relance de 300 milliards d’euros pour contribuer à faire redémarrer la machine économique mais sa mise en œuvre reste sujette à caution. L’urgence gagne : le taux de chômage touche près de 24 millions de personnes dans l’Union européenne, soit près de 10% de la population active (12% si l’on ne prend en compte que les économies de la zone euro).

La BCE à la manœuvre

Pour tenter d’endiguer ce spectre de la déflation, la BCE aura porté ses taux directeurs à des niveaux historiquement bas (0,05%) et ouvert la voie à un véritable QE à l’européenne. Cette année restera du coup dans les annales comme celle du grand écart des politiques monétaires des deux côtés de l’Atlantique. D’un côté, une Fed qui aura engagé la normalisation de sa politique monétaire avec la fin du plan de quantitative easing (QE3) et une remontée des taux prévue normalement en 2015, de l’autre une BCE plus encline à mener des politiques accommodantes. Il est vrai que l’écart de performance entre l’Europe et les Etats-Unis est patent . La croissance économique dépassera 3% en 2014 outre-Atlantique et le taux de chômage y avoisine les 6%.

En 2014, Mario Drahi aura engagé des programmes d’achats d’actifs assez ambitieux : TLTRO (prêts aux banques à long terme à des conditions très avantageuses mais sous conditions), lancement d’un programme d’achats d’actifs (ABS, covered bonds etc.). Longtemps critiquée pour son intransigeance, la BCE n’apparaît plus comme la principale responsable du niveau surévalué de l’euro et de l’atonie de la conjoncture européenne. Sa supervision des banques européennes dans le cadre de l’Union bancaire est désormais en marche. Fin octobre, les stress tests auront permis de rassurer les marchés sur l’état du système bancaire européen bien que 13 établissements restaient dans le collimateur de la BCE.

La chute du pétrole rebat les cartes

Fait marquant de l’année sur les marchés mondiaux, la chute des prix du pétrole au quatrième trimestre aura pris tout le monde de court. A 107 dollars au 1 er janvier, le tarif du brent est resté globalement stable jusqu’en septembre avant de décrocher à la fin de l’été. La chute s’est accélérée en novembre pour finalement se stabiliser en cette fin d’année autour de 60 dollars . Un effondrement de près de 50% en six mois qui s’explique d’abord par une surabondance de l’offre au niveau mondiale (de l’ordre de 4 millions de barils/jour). L’OPEP, et l’Arabie Saoudite en tête, est en concurrence avec les producteurs de pétrole de schiste qui ont rebattu les cartes au niveau mondial. Les Etats-Unis sont en passe de reconquérir leur indépendance énergétique.

En revanche, cette baisse des prix a fait vaciller des grandes puissances comme la Russie. En décembre, la chute du rouble s’est brutalement accélérée . Déjà fragilisée par les sanctions occidentales en raison du conflit en Ukraine, la Russie de Vladimir Poutine subit de plein fouet cette chute des prix du pétrole, faute d’une économie suffisamment diversifiée. Cette baisse renforce également le risque de déflation en Europe même si elle reste globalement une bonne nouvelle pour des pays développés consommateurs massifs d’énergie fossile.

L’année du « french bashing »

Importatrice d’hydrocarbures, la France devrait bénéficier l’an prochain de l’effondrement des prix du pétrole. Tout comme ses entreprises exportatrices profiteront de la poursuite de la baisse de l’euro par rapport au dollar. Deux bonnes nouvelles qui viendront apporter un peu de dynamisme à une économie française en difficulté. 2014 aura été l’année du « french bashing ». Avec son taux de croissance de 0,4% en 2014 et son déficit de -4,4%, la France est en passe de devenir le mauvais élève de la classe européenne . Surtout, les milieux financiers internationaux n’auront eu de cesse de déplorer l’absence de réformes structurelles marquantes même si la nomination à Bercy, fin août, de l’ancien banquier d’affaires Emmanuel Macron, en remplacement d'Arnaud Montebourg, aura montré la détermination du gouvernement Valls II à poursuivre une voie social-libérale (réforme des professions réglementées, travail le dimanche etc.).

Dans les pays anglo-saxons, les déboires sentimentaux de François Hollande au premier trimestre auront même entretenu l’image d’un pays frivole peu enclin à faire des efforts pour s’adapter à la nouvelle donne économique mondiale. Les élites françaises, jamais avares en francophobie, ont bien sûr leur part de responsabilité dans ce dénigrement systématique de leur propre pays par la presse anglo-saxonne. Mais c’est surtout la Commission européenne qui aura donné quelques sueurs froides à l’exécutif français. La France n’a pas tenu ces objectifs en matière de réduction des déficits et Bercy a dû, de façon assez humiliante, revoir sa copie de budget pour 2015 pour éviter des sanctions. Fin octobre, devant l’insistance de Bruxelles, Michel Sapin a promis en urgence un effort de 3,6 milliards d’euros de recettes supplémentaires. En attendant, l’objectif de réduction du déficit à moins de 3% a été repoussé à 2017.

La mise sous surveillance de la France par la Commission européenne comme les nouvelles dégradations de rating par les agences de notation (en décembre, Fitch a dégradé la France de AA+ à AA) n’auront pas réussi, malgré tout, à entamer la crédibilité de la dette française sur les marchés. La France n’a jamais emprunté à des taux aussi faibles . Depuis le 1 er janvier, l’OAT 10 ans a reculé de près de 70% (à 0,78%) alors que la dette française a dépassé les 2.000 milliards d’euros et culmine désormais à 95% du PIB. Preuve que le « french bashing » n’a pas fait encore son apparition chez les investisseurs institutionnels, toujours friands de dette souveraine française.

Julien Gautier

Retrouvez également sur Boursorama le bilan boursier général de l'année 2014 ainsi que le bilan 2014 du CAC40 .

9 commentaires

  • 30 décembre 11:13

    On a pris le mur, mais ce n'est pas fini, face à l'immobilisme nous allons prendre le deuxième effet kiss-koul par Bruxelles en Mars, avec une dérive des dépenses et de la dette.


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