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PORTRAIT-France-Wauquiez, à la conquête du pouvoir par le versant droit
information fournie par Reuters 10/12/2017 à 21:12

    * Du centre droit vers un conservatisme identitaire 
    * Une "libération progressive", dit-il 
 
    par Simon Carraud 
    PARIS, 10 décembre (Reuters) - Brillant normalien devenu 
député à moins de trente ans puis jeune ministre, Laurent 
Wauquiez descend de cette lignée d'ambitieux qui conçoivent la 
vie politique comme une ascension méticuleuse vers les plus 
hautes fonctions, au prix si nécessaire de revirements et de 
violentes inimitiés. 
    A 42 ans, le voilà désormais président des Républicains 
(LR), élu dimanche dès le premier tour avec trois quarts des 
voix parmi les adhérents exprimés à Maël de Calan et Florence 
Portelli.   
    Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a près de 
cinq ans devant lui pour écarter ses derniers concurrents à 
droite et s'ériger en candidat indiscutable à l'Elysée. Cinq ans 
pour parachever sa métamorphose. 
    Car le conquérant d'aujourd'hui, parfois martial dans son 
expression, champion d'une droite identitaire, anti-élite et 
conservatrice, décrit comme un sauveur par les uns et craint par 
les autres, n'a plus grand-chose à voir avec le benjamin de 
l'Assemblée nationale qui répondait aux interviews avec des 
restes d'adolescence dans la voix. 
    Après avoir suivi le cursus des têtes les mieux faites de la 
République, le jeune énarque se place sous la tutelle de Jacques 
Barrot, un député à la fibre européenne et démocrate-chrétienne, 
qui lui lègue sa circonscription de Haute-Loire en 2004.    
    "En réalité, je n'ai jamais été centriste, mais j'ai succédé 
au centriste Jacques Barrot", dit-il dans une interview à 
l'hebdomadaire Causeur parue jeudi. "Jeune député à l'Assemblée 
nationale, j'ai fait le singe savant en récitant la partition 
qu'attendaient les médias." 
     
    PARKA 
    Il suit à cette époque une progression naturelle, qui passe 
par la mairie du Puy-en-Velay, conquise en 2008, et lui permet 
d'entrer au gouvernement au début du quinquennat Sarkozy, 
d'abord en qualité de secrétaire d'Etat, puis comme ministre des 
Affaires européennes et enfin de l'Enseignement supérieur. 
    La première rupture sensible date de 2011, lorsqu'il parle 
de l'"assistanat" comme d'un "cancer de la société française" et 
prône parallèlement l'instauration d'un travail obligatoire pour 
les bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA). 
    Nouvelle étape, en 2013, quand il défile dans les rues de 
Paris, sempiternelle parka rouge sur le dos, contre l'ouverture 
du mariage aux couples de même sexe. 
    Et, en 2014, il fait sa profession de foi eurocritique avec 
un livre, "Europe, il faut tout changer", dans lequel il 
préconise un retour à un "noyau dur" de six pays et 
l'affirmation d'un protectionnisme européen. 
    Colère de cadres de son parti, y compris de Jacques Barrot 
qui le désavoue publiquement. 
    "L'Union européenne mérite mieux que ce livre inspiré par je 
ne sais quel populisme en cours aujourd'hui", écrit-il dans Les 
Echos. "On y trouve tous les ingrédients qui nous renvoient au 
siècle dernier avec un protectionnisme qui a montré ses limites 
en attisant la peur de l'autre." 
    C'est l'histoire d'une "libération progressive des carcans", 
selon le récit qu'en fait Laurent Wauquiez dans Causeur. 
         
    "BRUXELLES, ÇA SUFFIT" 
    Il sollicite un temps les services de Patrick Buisson, le 
sulfureux conseiller venu de l'extrême droite qui a soufflé à 
l'oreille de Nicolas Sarkozy à son apogée.           
    Les modérés sursautent à nouveau pendant la campagne pour 
les régionales de 2015, lorsqu'ils lisent un tract affichant les 
slogans "Immigration, ça suffit" et "Bruxelles, ça suffit", et 
encore il y a un mois en découvrant une virulente charge 
anti-Macron dans le Journal du dimanche.   
    Laurent Wauquiez y décrit un "enfant capricieux", un "adulte 
arrogant", "le plus parisien des présidents qu'on ait jamais 
eu", un être "hanté par une haine de la province", ce qui lui 
vaut un appel à la modération de la part du président du Sénat, 
Gérard Larcher.     
    "Quand je l'entends discourir, j'ai envie de quitter la 
salle", grince un élu "juppéiste".       
    L'un de ses soutiens actuels reconnaît en privé sa 
stupéfaction devant certaines déclarations mais, précise-t-il, 
son favori "sait quand il pousse le bouchon un peu loin". 
    Lui revendique son positionnement "vraiment de droite" et le 
droit de "ne pas plaire à tout le monde", de mener des charges 
"sabre au clair". 
    Pour son directeur de campagne, Geoffroy Didier, les 
mutations de Laurent Wauquiez sont à porter à son crédit : "Il 
est le seul pour lequel cette question se pose. Ce n'est pas 
forcément une mauvaise chose de changer d'avis. Cette évolution 
lui serait beaucoup moins reprochée si elle avait eu lieu dans 
l'autre sens", dit-il à Reuters. 
    "On peut reprocher beaucoup de choses à Wauquiez, sauf 
d'être intéressé par le pognon", juge un dirigeant de LR. "Lui 
ne veut que le pouvoir."  
 
 (Avec Ingrid Melander, édité par Yves Clarisse) 
 

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