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Marchés : pourquoi un tel désamour des valeurs bancaires ?
information fournie par Boursorama12/02/2016 à 11:29

Les établissements bancaires sont lourdement pénalisés en Bourse depuis le début de l'année. Explications.

Les établissements bancaires sont lourdement pénalisés en Bourse depuis le début de l'année. Explications.

Depuis le début de l'année, les banques européennes ont perdu presque un tiers de leur valeur en Bourse. Le mouvement de vente a été particulièrement massif ces derniers jours sur certaines valeurs du secteur. Y a-t-il vraiment anguille sous roche ou les investisseurs perdent-ils la raison ?

Depuis plusieurs jours, les banques européennes sont au cœur de l'actualité et des doutes des investisseurs, alors que le secteur financier s'était illustré par sa discrétion en 2015 sur les marchés. Quelque chose a-t-il vraiment changé en l'espace de quelques semaines ? Quels éléments fondamentaux – en-dehors de la psychologie de marché – peuvent expliquer cet accès de pessimisme ? Quelques réponses fournies par Mirabaud AM et Aurel BGC.

Le secteur européen est pénalisé par les taux faibles et l'exposition au pétrole

En premier lieu, le contexte macroéconomique vient réduire depuis de nombreux mois la rentabilité de l'ensemble du secteur bancaire européen : « Toutes les banques européennes sont pénalisées par les taux d'intérêts faibles qui pénalisent les marges de leurs opérations. Il faut également tenir compte de l'impact du régulateur, qui exige une augmentation des ratios de fonds propres que les établissements doivent détenir », rappelle ainsi Marco Bruzzo, directeur général délégué de Mirabaud AM.

Ce dernier reconnaît par ailleurs que « les banques françaises sont également exposées au crédit lié à l'industrie du pétrole » en finançant les groupes européens de ce secteur, bien que l'exposition au pétrole de schiste américain soit l'apanage des banques d'outre-Atlantique et ne concerne pas, ou peu, les banques du Vieux Continent.

Evoquant le fort mouvement de vente sur les valeurs bancaires, Marco Bruzzo  commente : « Certes, la réaction des marchés est exagérée, mais le secteur bancaire est le secteur qui fait peur. Un proverbe boursier dit "On ne rattrape pas un couteau qui tombe" ». Dans ce contexte, « les investisseurs cherchent clairement des titres très défensifs » alors que « le marché perd 16% depuis le début de l'année ».

Les investisseurs sanctionnent les résultats parfois inférieurs aux attentes

La séance de jeudi 11 février a été particulièrement marquée par la chute en Bourse de Société Générale suite à la publication des résultats annuels du groupe, et ce malgré un résultat net de 4 milliards d'euros en 2015, au plus haut depuis plus de cinq ans.

Pour Marco Bruzzo, ce qui a déçu hier les investisseurs est tout d'abord le fait que ce même résultat net « est sorti à 657 millions d'euros au quatrième trimestre contre un consensus à  820 millions d'euros, soit 20% en dessous des attentes ».

Par ailleurs, « La base de coûts de la Société Générale s'est réduite de seulement 6% l'an passé. Cela est également en-dessous des attentes, alors que le groupe avait affiché sa volonté de faire des économies significatives (…). Les résultats ont également été pénalisés par des charges légales et administratives qui ont participé à détériorer sa rentabilité ».

Le directeur général délégué de Mirabaud AM remarque la très faible valorisation boursière de la banque rouge et noire : « Le P/E [PER] de la Société Générale est très bas à 5.1 fois les résultats attendus en 2016 suite à la chute du cours de Bourse enregistrée jeudi ». Pour rappel, la valorisation moyenne des actions européennes se situe plutôt autour de 14 fois les résultats prévisionnels 2016.

« En revanche, toujours dans le secteur bancaire, Natixis s'est montré optimiste sur ses activités d'asset management cette année. L'établissement va pouvoir verser un dividende généreux aux actionnaires, qui représentera une rentabilité de 9% du cours de bourse cette année. Les investisseurs ont apprécié ces annonces et l'action a pris 5,56% jeudi », évoque-t-il.

Parmi les grandes banques françaises, les résultats de Crédit Agricole sont toujours attendus pour la semaine prochaine alors que BNP Paribas a publié les siens la semaine dernière, voyant à cette occasion son cours de Bourse grimper significativement. Du point de vue des résultats financiers, les craintes sur les établissements bancaires européens sont donc loin d'être généralisées et ne doivent pas être exagérées.

Les perspectives des entreprises se dégradent et cela se répercute sur les banques

Plus généralement, les analystes d'Aurel BGC notent au sujet des récentes publications de résultats que « l'attention des investisseurs n'a pas porté sur les résultats du dernier trimestre 2015, mais principalement sur les guidances 2016. Or, les discours des entreprises se sont sensiblement dégradés en trois mois », notamment à cause des incertitudes économiques dans les pays émergents.

Aurel BGC poursuit : « De nombreuses sociétés [ont] abaissé leurs prévisions 2016. Excès de prudence ou réelle dégradation de la conjoncture économique depuis 3 mois ? Après une forte chute de leurs actions en ce début d'année, nous pensons que les entreprises ont choisi d'abaisser leurs perspectives, quitte à annoncer de "bonnes surprises" plus tard ».

Ces annonces prudentes se répercutent indirectement sur le cours de Bourse des établissements bancaires alors que les profits du secteur bancaire pourraient être affectés par une éventuelle diminution de l'activité de ces entreprises, qui reste néanmoins très mesurée en Europe.

Marco Bruzzo de Mirabaud AM confirme avoir remarqué un changement de discours et une dégradation des objectifs 2016 du côté de certains grands groupes français ayant publié leurs résultats hier. « Un certain nombre d'entreprises se sont montrées prudentes jeudi. Pernod Ricard prévoit une réduction de ses ventes comprise entre 5% et 9% cette année en Chine. Le discours du groupe a été plus négatif que celui de Rémi Cointreau ».

« Legrand s'est également montré prudent et son cours de Bourse a perdu 6,40% à cause de perspectives 2016 abaissées. Faurecia a également perdu 6,49% alors que sa perspective de croissance organique devrait être de seulement 1 à 3% en 2016 ».

Tout n'est pas noir pour autant

Tout n'est pas noir pour autant, même pour les entreprises du secteur pétrolier. « Total a plutôt bien résisté hier. Son résultat opérationnel a crû de 7,5%. Ses résultats sont en baisse de 26% en rythme annuel au T4, mais cela reste mieux que ses concurrents américains comme BP ou Shell, qui sont plutôt sur une baisse de leurs résultats de 40 à 50% en rythme annuel au T4 », détaille Marco Bruzzo.

Ce dernier explique : « La surperformance de Total au sein de son secteur s'explique du fait que l'entreprises a lancé neuf projets ciblés l'an dernier pour augmenter sa production, tout en parvenant à réduire ses coûts de manière très réactive pour compenser la chute des cours du pétrole. Le dividende a également été maintenu, c'était attendu et c'est une bonne chose pour les actionnaires ».

De nombreuses autres entreprises parviennent également à susciter l'enthousiasme des investisseurs, à l'instar de Publicis qui « a réalisé un bon T4 grâce à un important contrat signé dans le domaine digital. Son président a précisé que l'année 2016 serait une "année de transition". Mais les chiffres ont plu : la croissance organique a été de 2,8% l'an dernier contre seulement 1% estimé. L'entreprise a surtout crû de 6% aux Etats-Unis, même si son activité s'est légèrement contractée en Europe. Les investisseurs ont apprécié la croissance de 9% de ses activités dans le digital ».

Total et Publicis, qui ont tout de même souffert hier de la tendance fortement baissière du marché, rattrapaient ce retard vendredi matin en s'affichant parmi les plus fortes hausses du CAC40, gagnant respectivement 4,05% et 4,18% à 11h15. La bonne tenue de l'activité de ces entreprises, et d'autres semblables, reste toujours de bon augure pour les profits du secteur bancaire. De ce point devue, les récentes craintes à ce sujet semblent clairement exagérées.

X. Bargue (redaction@boursorama.fr)

14 commentaires

  • 15 février09:29

    @M505 : exactement, les ventes d'ETF des fonds souverains, amplifiés par un mouvement grégaire des acteurs en mark to market sont derrière cette chute abrupte. Plus de capacité d'absorption car trop de capital nécessaire pour faire contrepartiste. ça échappera aux nostalgiques du soviétisme mais bon.


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