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Marchés : « La parfaite raison fuit toute extrémité » (Cercle des analystes indépendants)
information fournie par Boursorama 07/01/2016 à 13:56

Cours du baril de Brent depuis 10 ans. Source : Factset et Valquant.

Cours du baril de Brent depuis 10 ans. Source : Factset et Valquant.

Les indices boursiers européens souffrent fortement alors que les craintes en Chine reviennent sur le devant de la scène. La chute du pétrole vient ajouter de l'huile sur le feu. Eric Galiègue, président du Cercle des analystes indépendants, reste toujours négatif sur les perspectives de l'année 2016.

Bien des mots qui ont été écrits il y a très longtemps conservent toujours leur actualité. Lorsque Molière a écrit Le Misanthrop e, il n'imaginait  pas que l'on puisse le citer pour évoquer la situation des marchés financiers et du marché du pétrole en 2016. Pourtant, l'évocation  de la raison pure (ou du bon sens) et des extrêmes (ou l'hyper volatilité des cours) n'a jamais été aussi adaptée à la situation actuelle.

Ainsi en est-il du marché  du pétrole. L'impact des cours du pétrole sur les marchés financiers (actions et obligations) est pour le moins ambigu. Il y  a un an, nous étions les premiers à louer les effets bénéfiques de la baisse des cours de l'or noir pour notre scénario de marché haussier. Aujourd'hui, après une baisse effrénée jusque 36$  le baril, la déroute des prix  des prix du pétrole est devenue très dangereuse.

Nous considérons qu'il existe, pour le pétrole comme pour toutes les variables financières, des « zones de confort », au sein desquelles les variations de cours sont relativement neutres. Le marché est alors à l'équilibre, et, finalement, les prix qu'il pratique conviennent à tous ses acteurs. Ils  n'affectent pas les autres marchés. Cette zone de confort peut être placée au sein d'une fourchette 50-90$ le baril.

Avec un point moyen de 70$, la facture pétrolière représente environ 3,5 % du PIB mondial, et tout le monde s'en accommode : les investissements peuvent être réalisés avec une certaine sérénité, les « petro dollars » sont recyclés sur les marchés financiers occidentaux, les variations de cours du pétrole  ont un rôle de « stabilisateur automatique de conjoncture » : c'est alors la « parfaite raison » qui domine.

''Nous n’achetons pas le CAC40 malgré la baisse récente'', affirme Eric Galiègue.

''Nous n’achetons pas le CAC40 malgré la baisse récente'', affirme Eric Galiègue.

Au-delà de 90$ le baril, (période de 2005 à 2014), la ponction sur le pouvoir d'achat des pays consommateurs était très importante : la facture pétrolière valait 5 %  du PIB mondial, le frein à la consommation était évident. En revanche, de tels prix justifiaient des investissements dans des énergies renouvelables, et facilitaient la transition énergétique. L'impact sur la croissance économique immédiate était négatif, mais il était favorable sur les investissements à très long terme.

En deçà de 50$  le baril , on entre dans les « extrêmes » de Molière. L'effet positif sur la consommation devient asymptotique. En revanche, l'effet de signal sur l'économie mondiale est très négatif : la chute des prix du pétrole, malgré une situation géopolitique qui a rarement été aussi dégradée dans les pays producteurs, reflète la faiblesse de la demande. Elle montre que la grande panne de croissance mondiale affecte durablement le prix des matières premières essentielles.

Ce mouvement détruit les investissements, notamment dans les gaz et pétroles de schiste, qui ont pu être menés lorsque les prix étaient très supérieurs et devaient le rester longtemps…  Elle affecte également la sphère financière elle-même. Des pays qui étaient pourvoyeurs de liquidités et acheteurs nets d'actifs financiers, deviennent  vendeurs ou en tous cas n'achètent plus : c'est le cas des monarchies pétrolières du Golfe, mais aussi de grand fonds souverains comme celui de la Norvège.

Surtout, elles  fragilisent des pays entiers (Algérie, Nigéria, Venezuela, Brésil…), qui sont au bord du défaut de paiement. Le plus grand et le plus proche de ces pays est la Russie, qui souffre d'ores et déjà d'une récession particulièrement marquée. Faut-il rappeler que ce pays a fait défaut en 1998, ce qui a suscité un effondrement des marchés financiers ? L'agressivité de la Russie, son attitude récente vis-à-vis de la Turquie, et, bien sûr de l'Ukraine, est très inquiétante, et n'est pas sans rapport avec la chute vertigineuse de ses revenus pétroliers.

La « parfaite raison »  ne peut fuir cette « extrémité » : les cours du pétrole sont trop bas.

La chute des  cours du pétrole contribue activement  à la crise financière qui se profile. Nous n'achetons pas le CAC 40 malgré la baisse récente.

Eric Galiègue

Le Cercle des analystes indépendants est une association constituée entre une douzaine de bureaux indépendants à l'initiative de Valquant, la société d'analyse financière présidée par Eric Galiègue, pour promouvoir l'analyse indépendante.

18 commentaires

  • 21 janvier 10:24

    J'adore la sophistication des raisonnements économiques : "comme çà a beaucoup baissé alors çà va moins baisser". Extraordinaire. Plus probable, les saoudiens ont voulu ruiner les producteurs de pétrole de schiste US en augmentant leur production et ils se font ruiner par le mouvement qu'ils ont lancé. Tel est pris qui croyait prendre.


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