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« Les nouvelles mesures Macron, entre politique et économie ? » par Jean-Paul Betbèze du Cercle des économistes
information fournie par Boursorama07/04/2015 à 12:25

Emmanuel Macron doit annoncer de nouvelles mesures pour soutenir la croissance.

Emmanuel Macron doit annoncer de nouvelles mesures pour soutenir la croissance.

Cap maintenu mais vitesse accélérée. Tel est le mot d’ordre économique au lendemain des élections départementales. Dans l’attente de nouvelles annonces en faveur des entreprises, Jean-Paul Betbeze décrypte les champs du possible et leurs conséquences directes sur l’activité.

Emmanuel Macron annonce de nouvelles mesures (pas de loi, pour ne pas échauffer les esprits), afin de soutenir la croissance par l’investissement, le digital et la simplification de la vie des entreprises. Nous allons avoir les habituelles critiques, disant que ce n’est pas assez ou trop. Au-delà, deux questions se posent. Question politique : est-ce que ceci va marcher assez tôt pour les élections et aider la majorité actuelle ? Question économique : est-ce ce qu’il faut faire ?

La question politique est première et renvoie à la fameuse courbe en J. C’est celle des délais de réaction de toute politique économique avant que les électeurs ne voient l’amélioration prévue, puis l’apprécient dans les sondages, puis dans leur vote. La réalité (ou le drame) de la courbe en J, c’est que toute réforme fait empirer la situation avant de l’améliorer. Si on simplifie la vie des entreprises, elles auront besoin de moins de personnel « technique ». Si on simplifie les conditions de licenciement, elles vont en profiter d’abord pour réduire les personnels qu’elles jugent en excès ou inadaptés. Ce n’est qu’après, quand la conjoncture sera mieux repartie, que des embauches nouvelles auront lieu, ceci d’autant que le licenciement sera devenu plus facile, pour corriger en cas d’erreur ou de retournement économique.

Est-ce que le gouvernement est prêt à prendre le risque politique d’une détérioration de l’emploi pendant quelques mois, avec l’idée que la reprise en France sera suffisamment forte pour faire repartir l’embauche en 2016 et peser sur les votes ?

La question économique concerne le meilleur moyen pour faire repartir la croissance. Faut-il soutenir l’investissement physique, digital, comment ? Ou faire autre chose ? C’est vrai, nos équipements sont en retard. Nous manquons de robots par rapport à l’Allemagne et sommes concurrencés en milieu de gamme par l’Espagne.

Alors : un amortissement accéléré pour donner plus de profit aux investisseurs ? De combien et pendant combien de temps, sachant que ceci peut ne pas pousser à investir plus en France mais donner plus de moyens aux entreprises pour aller ailleurs ?

Alors : un amortissement accéléré pour les investissements supplémentaires en France ? Bonjour les calculs ! Calculés comment, avec une aide de combien, pendant combien de temps ? Le risque est que les entrepreneurs investissent davantage pendant la période d’aide et moins après : on l’a vu. Et pour l’investissement immatériel ? Ne va-t-on pas subventionner ce qui devait être fait de toute façon, dans ce monde d’obsolescence accélérée ?

Alors : une fiscalité plus favorable à l’autofinancement pour que les entreprises investissent plus, au détriment des dividendes ? Pas davantage. Taxer plus les dividendes est mauvais pour la bourse, alors qu’elle vient de reprendre des couleurs et que nos entreprises doivent aujourd’hui se renforcer par des concentrations. Ceci crée surtout un effet d’aubaine, rendant moins chers les investissements déjà décidés, car ils étaient nécessaires.

Alors : le plus simple. Laisser les entreprises libres d’agir en réduisant leurs charges d’organisation (simplification administrative), d’implantation (politique immobilière) et surtout fiscales (moins de complexité en attendant les baisses), tout en favorisant les compléments de salaires et les primes en cas de succès des salariés. C’est la nouvelle économie qui nous sortira d’affaire. Elle est immatérielle et mondiale, avec des jeunes et des réseaux. Et va plus vite que l’amortissement accéléré !

Jean-Paul Betbèze

Créateur de Betbeze Conseil SAS, Jean-Paul Betbèze est membre de la Commission économique de la nation, du Cercle des économistes et du Comité scientifique de la Fondation Robert Schumann. Il a été auparavant chef économiste de banque (notamment Chef économiste & Directeur des Etudes Economiques, Membre du Comité Exécutif de Crédit Agricole SA) et Professeur d’Université (Agrégé des Facultés, Professeur à Paris Panthéon).

Le Cercle des économistes a été créé en 1992 avec pour objectif ambitieux de nourrir le débat économique. Grâce à la diversité des opinions de ses 30 membres, tous universitaires assurant ou ayant assuré des fonctions publiques ou privées, le Cercle des économistes est aujourd’hui un acteur reconnu du monde économique. Le succès de l’initiative repose sur une conviction commune : l’importance d’un débat ouvert, attentif aux faits et à la rigueur des analyses. Retrouvez tous les rendez-vous du Cercle des économistes sur leur site .

3 commentaires

  • 07 avril19:54

    Il s 'agit toujours des memes exhortations creuses à relancer la stérile production de fric. Il ferait mieux d'aller se coucher . Il n'y a pas que dans la politique qu'il y a des cumulards autosatisfaits et pontifiants .


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