Louée comme la panacée qui permettrait d'en finir avec un « apartheid territorial » (dixit Manuel Valls), la « mixité sociale » ne serait-elle qu'un prétexte à la gentrification ? Dans Mixité sociale, et après ? publié aux PUF, les chercheurs Éric Charmes et Marie-Hélène Bacqué ont compilé les études les plus sérieuses, françaises et étrangères, sur la mixité sociale, ses vertus et ses limites. Du périurbain aux nouvelles urbanités, des communautés au communautarisme, cet ouvrage fait un sort à nombre d'idées reçues. Le chapitre intitulé « Mixité, contrôle social et gentrification » nous paraît être le plus instrucfif. L'auteur dudit chapitre est Matthieu Giroud, un jeune et brillant géographe ? hélas mort au Bataclan lors des attentats de Paris.
Que nous dit-il ? Avec le Britannique Tom Slater, géographe lui aussi, il souligne combien le mot d'ordre politique et médiatique de mixité sociale « contribue à détourner les chercheurs en sciences sociales de l'étude des effets sociaux de la gentrification, notamment des mécanismes d'éviction des populations les plus fragilisées ». La gentrification est le terme savant et anglo-saxon pour décrire la boboïsation des centres-villes. Ce processus, né en France dans les années 1990 avec une accélération au début des années 2000 et plus tôt à New York ou à Londres, a eu pour conséquence, s'agissant par exemple de Paris, de pousser vers les...
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