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Le SMIC britannique en hausse de 7,5% en avril, et de 30% à l’horizon 2020
information fournie par Boursorama 30/03/2016 à 17:34

Le SMIC britannique va augmenter de 7,5% en avril, et devrait progresser de plus de 30% à l'horizon 2020.

Le SMIC britannique va augmenter de 7,5% en avril, et devrait progresser de plus de 30% à l'horizon 2020.

Au Royaume-Uni, le SMIC va connaître une augmentation spectaculaire de 7,5% à partir du mois d'avril, arrivant au même niveau que le SMIC français. Plus étonnant encore de la part de l'économie libérale d'outre-Manche : le SMIC devrait croître de 30% à l'horizon 2020.

À partir du 1 er avril, le SMIC horaire britannique va passer à 7,20 livres brut/heure, soit 9,20 euros, équivalent à peu de choses près au SMIC français se situant à 9,67 euros brut/heure. Environ 1,9 millions de salariés payés au SMIC bénéficieront donc, outre-Manche, d'une hausse automatique de leur salaire à partir du mois prochain.

Comme le rappelle Vincent Collen, journaliste des Echos , « En termes de coût du travail, la comparaison reste favorable pour le Royaume-Uni, car les charges sociales sont très réduites outre-Manche ». En salaire net, le SMIC britannique sera donc supérieur au SMIC français et proche des SMIC irlandais, allemand, néerlandais et belge.

Surtout, le SMIC britannique devrait continuer à progresser à un rythme semblable au cours des prochaines années, d'après les dernières annonces de David Cameron, jusqu'à atteindre 9 livres/heure à l'horizon 2020, soit une hausse d'un peu plus de 30% du salaire minimum par rapport à son niveau actuel. À noter que le SMIC pour les moins de 25 ans, plus bas que le SMIC de référence, ne devrait pas forcément suivre cette même tendance.

Comment est-ce possible ?

En premier lieu, rappelons que le Royaume-Uni a adopté un SMIC en 1999, qui était alors à un niveau bas : 3,6 livres brut/heure, soit exactement la moitié de son niveau d'avril prochain. En moyenne, le SMIC britannique a donc déjà progressé de plus de 4% par an depuis sa création.

En second lieu, le Royaume-Uni connaît actuellement une croissance correcte d'un peu plus de 2%/an, qui devrait se maintenir à ce niveau jusqu'en 2018 selon les dernières prévisions économiques. Le chômage britannique est par ailleurs faible (5% de la population active, comme aux Etats-Unis), ce qui laisse penser que l'économie britannique est plutôt en bonne santé et a les moyens de se permettre cette hausse des bas salaires.

Néanmoins, l'inflation britannique a été proche de 0% en 2015, tout comme dans la zone euro. Difficile, dans ces conditions, de justifier une hausse aussi spectaculaire du SMIC, bien supérieure à celle des autres salaires qui devraient peu évoluer.

Débat relancé sur l'efficacité d'un SMIC élevé

Le sujet ne manque donc pas de faire débat outre-Manche, le pays étant par ailleurs attaché aux idées libérales allant plutôt dans le sens d'une faible réglementation des niveaux de salaires au bénéfice d'un meilleur ajustement entre l'offre et la demande de travail. Le camp conservateur, à l'origine de cette décision, est lui-même déchiré sur cette question.

On retrouve ainsi le débat « classique » sur l'efficacité d'un SMIC élevé, qui permet de relever le niveau de vie de certains travailleurs, mais risque en contrepartie d'en pénaliser d'autres qui pourraient peiner à trouver un employeur prêt à les payer au niveau du SMIC étant donné leur faible niveau de qualification.

C'est d'ailleurs pour cette raison que plusieurs pays européens n'ont pas adopté de SMIC. Contrairement aux idées reçues, les pays nordiques (Danemark, Finlande, Suède, Norvège) ont tous fait le choix d'une absence de SMIC. La Suisse également, malgré l'éphémère projet de mettre en place un salaire minimum à plus de 3.000 euros par mois, discuté il y a deux ans. L'Autriche, l'Italie et Chypre complètent la liste des pays « sans SMIC », l'Allemagne ayant longtemps fait partie de ce groupe avant d'adopter un salaire minimum il y a seulement un an.

Stratégie politique

L'adoption de cette mesure apparaît en tout cas au Royaume-Uni comme une stratégie politique de la part de David Cameron, Premier ministre et leader du parti conservateur, pour couper l'herbe sous le pied de l'opposition travailliste menée par Jeremy Corbyn (Labour).

Le leader du camp travailliste s'est plusieurs fois illustré par ses prises de position en faveur d'une réduction des inégalités au Royaume-Uni, fédérant autour de lui un certain nombre de « mécontents » du système actuel, où les très hauts salaires de la City contrastent fortement avec les contrats « zéro heure » qui concernent une partie des travailleurs britanniques.

Même si de nombreux analystes politiques estiment que Jeremy Corbyn est « trop à gauche » pour être une véritable menace pour le camp conservateur, David Cameron semble avoir voulu prendre les devants en montrant sa capacité à agir sur la question du salaire minimum aussi bien que son opposant l'aurait fait.

En Californie, le SMIC augmentera de 50% à l'horizon 2022

Les Britanniques ne sont pas les seuls à avoir fait le choix d'une hausse du salaire minimum. Aux Etats-Unis, patrie du libéralisme, la Californie fait figure d'exception en ayant décidé d'une hausse rapide du SMIC au cours des prochaines années.

« En Californie, les législateurs ont conclu un accord pour augmenter le salaire minimum de 10 à 15 dollars [par heure] d'ici 2022. Ce coup d'accélérateur aux bas salaires, longtemps jugé tabou dans un contexte de crise et de chômage, relève de "la justice économique" a insisté le gouverneur de Californie », précise Elsa Conesa, journaliste des Echos .

La journaliste rappelle que la Californie est l'Etat le plus peuplé des Etats-Unis, avec 40 millions d'habitants et commente : « La Californie va ainsi faire office de cobaye pour le reste du pays, où le débat sur le niveau du salaire minimum fait rage ».

Xavier Bargue (redaction@boursorama.fr)

68 commentaires

  • 31 mars 19:37

    Bien mucius ... mais c'est tellement plus facile pour nos gaucho-marxisants de trouver des excuses pour conspuer la pratique économique honteusement libérale du Royaume-Uni ... ou quelque politique libérale que ce soit d'ailleurs. Il est vrai que ceci ne rentre pas dans le cadre de notre modèle social "que le monde nous envie" ...


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