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La Turquie dans l'incertitude après les législatives
information fournie par Reuters 08/06/2015 à 13:06

LA TURQUIE DANS L'INCERTITUDE APRÈS LES LÉGISLATIVES

LA TURQUIE DANS L'INCERTITUDE APRÈS LES LÉGISLATIVES

par Orhan Coskun et Ercan Gurses

ANKARA (Reuters) - La Turquie pourrait retourner aux urnes dès cette année après le revers infligé au Parti de la justice et du développement (AKP) du président Recep Tayyip Erdogan, qui a perdu dimanche sa majorité absolue au Parlement et voit s'estomper ses ambitions de présidentialisation des institutions.

Le parti islamo-conservateur, au pouvoir depuis treize ans, est certes arrivé en tête, mais avec 40,9% des voix, selon les projections diffusées par la chaîne CNN Türk, il ne remporte que 258 des 550 sièges du Parlement, loin des 326 sièges de députés dont il disposait dans le Parlement sortant.

Ce résultat est un revers majeur pour Erdogan, qui s'était fortement impliqué dans la campagne pour tenter d'obtenir une majorité qualifiée d'au moins trois cinquièmes (330 élus) rendant possible la tenue d'un référendum constitutionnel - avec une majorité des deux tiers (367 élus), il aurait pu réformer les institutions sans consulter les électeurs.

Dans un communiqué, il a déclaré lundi qu'aucun parti n'avait remporté de mandat pour gouverner seul et a exhorté toutes les formations politiques à oeuvrer pour préserver la confiance et la stabilité de la Turquie.

"Je pense que ces résultats, qui ne donnent à aucun parti l'occasion de former un gouvernement de parti unique, seront évalués sainement et raisonnablement par tous les partis", dit-il.

"Dans la nouvelle période qui s'ouvre après ces élections, il est extrêmement important que les partis politiques fassent montre de la sensibilité et de la responsabilité nécessaires pour préserver l'environnement de stabilité et de confiance de notre nation et protéger nos acquis", ajoute-t-il.

Elu l'an dernier à la présidence après onze années passées à la tête du gouvernement, le chef de l'Etat, premier président turc élu au suffrage universel direct, entendait réformer les institutions pour renforcer ses prérogatives.

Son échec, qu'explique en grande partie l'émergence du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde), a ébranlé les marchés financiers: la livre turque est tombée à un plus bas historique de 2,8 pour un dollar tandis que l'indice de la Bourse d'Istanbul a ouvert en recul de 8% et que les taux d'intérêt des emprunts à dix ans sont venus frôler les 10%.

AUCUNE COALITION POSSIBLE SANS L'AKP ?

Erdogan et son Premier ministre, Ahmet Davutoglu, devaient se rencontrer dans la journée pour discuter des conséquences du scrutin, a-t-on appris auprès de sources proches du chef du gouvernement.

Le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus a pour sa part confié à la presse que le parti AKP tenterait de former un gouvernement de coalition. "Je pense que notre Premier ministre sera en mesure de former un gouvernement dans les délais impartis", a-t-il dit à la presse à Ankara.

A défaut, la Turquie s'orientera vers des élections anticipées, a-t-il ajouté, soulignant qu'une coalition sans l'AKP était impossible.

Selon les résultats donnés par CNN Türk, les laïques du Parti républicain du peuple (CHP, gauche kémaliste) demeurent le deuxième groupe à l'assemblée, avec environ 25% des suffrages et 132 élus. Le Parti d'action nationaliste (MHP, extrême droite), arrive en troisième position avec près de 16% des voix (80 députés projetés), devant le HDP, qui fait son entrée au Parlement avec 13% environ des voix et 80 élus.

Le MHP est souvent considéré comme le partenaire de coalition le plus probable de l'AKP. Mais son chef de file, Devlet Bahceli, a toutefois fermé la porte à tout accord avec le parti d'Erdogan, déclarant dimanche qu'il faudrait de nouvelles élections si le parti au pouvoir se révèle incapable de former une coalition avec d'autres partis d'opposition.

Les deux autres forces politiques représentées au Parlement ont pareillement exclu tout accord avec le parti d'Erdogan.

"UNE ÉLECTION ANTICIPÉE SEMBLE INÉVITABLE"

Trois hauts responsables de l'AKP ont confié à Reuters que l'option d'un retour aux urnes semblait désormais inévitable. "La possibilité de voir un gouvernement émerger de la situation actuelle est très étroite", a dit l'un d'eux. "Avec ces résultats, une élection anticipée semble inévitable."

Aux termes de la Constitution, un gouvernement doit être formé dans les 45 jours suivants la désignation du Premier ministre.

"De l'économie aux grands projets, tout est actuellement en veilleuse, et nous ne pouvons nous offrir le luxe de continuer avec un gouvernement incertain et faible au moment où le monde fait face à de grands risques économiques", explique un second cadre de l'AKP.

Dimanc

par Orhan Coskun et Ercan Gurses

ANKARA (Reuters) - La Turquie pourrait retourner aux urnes dès cette année après le revers infligé au Parti de la justice et du développement (AKP) du président Recep Tayyip Erdogan, qui a perdu dimanche sa majorité absolue au Parlement et voit s'estomper ses ambitions de présidentialisation des institutions.

Le parti islamo-conservateur, au pouvoir depuis treize ans, est certes arrivé en tête, mais avec 40,9% des voix, selon les projections diffusées par la chaîne CNN Türk, il ne remporte que 258 des 550 sièges du Parlement, loin des 326 sièges de députés dont il disposait dans le Parlement sortant.

Ce résultat est un revers majeur pour Erdogan, qui s'était fortement impliqué dans la campagne pour tenter d'obtenir une majorité qualifiée d'au moins trois cinquièmes (330 élus) rendant possible la tenue d'un référendum constitutionnel - avec une majorité des deux tiers (367 élus), il aurait pu réformer les institutions sans consulter les électeurs.

Dans un communiqué, il a déclaré lundi qu'aucun parti n'avait remporté de mandat pour gouverner seul et a exhorté toutes les formations politiques à oeuvrer pour préserver la confiance et la stabilité de la Turquie.

"Je pense que ces résultats, qui ne donnent à aucun parti l'occasion de former un gouvernement de parti unique, seront évalués sainement et raisonnablement par tous les partis", dit-il.

"Dans la nouvelle période qui s'ouvre après ces élections, il est extrêmement important que les partis politiques fassent montre de la sensibilité et de la responsabilité nécessaires pour préserver l'environnement de stabilité et de confiance de notre nation et protéger nos acquis", ajoute-t-il.

Elu l'an dernier à la présidence après onze années passées à la tête du gouvernement, le chef de l'Etat, premier président turc élu au suffrage universel direct, entendait réformer les institutions pour renforcer ses prérogatives.

Son échec, qu'explique en grande partie l'émergence du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde), a ébranlé les marchés financiers: la livre turque est tombée à un plus bas historique de 2,8 pour un dollar tandis que l'indice de la Bourse d'Istanbul a ouvert en recul de 8% et que les taux d'intérêt des emprunts à dix ans sont venus frôler les 10%.

AUCUNE COALITION POSSIBLE SANS L'AKP ?

Erdogan et son Premier ministre, Ahmet Davutoglu, devaient se rencontrer dans la journée pour discuter des conséquences du scrutin, a-t-on appris auprès de sources proches du chef du gouvernement.

Le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus a pour sa part confié à la presse que le parti AKP tenterait de former un gouvernement de coalition. "Je pense que notre Premier ministre sera en mesure de former un gouvernement dans les délais impartis", a-t-il dit à la presse à Ankara.

A défaut, la Turquie s'orientera vers des élections anticipées, a-t-il ajouté, soulignant qu'une coalition sans l'AKP était impossible.

Selon les résultats donnés par CNN Türk, les laïques du Parti républicain du peuple (CHP, gauche kémaliste) demeurent le deuxième groupe à l'assemblée, avec environ 25% des suffrages et 132 élus. Le Parti d'action nationaliste (MHP, extrême droite), arrive en troisième position avec près de 16% des voix (80 députés projetés), devant le HDP, qui fait son entrée au Parlement avec 13% environ des voix et 80 élus.

Le MHP est souvent considéré comme le partenaire de coalition le plus probable de l'AKP. Mais son chef de file, Devlet Bahceli, a toutefois fermé la porte à tout accord avec le parti d'Erdogan, déclarant dimanche qu'il faudrait de nouvelles élections si le parti au pouvoir se révèle incapable de former une coalition avec d'autres partis d'opposition.

Les deux autres forces politiques représentées au Parlement ont pareillement exclu tout accord avec le parti d'Erdogan.

"UNE ÉLECTION ANTICIPÉE SEMBLE INÉVITABLE"

Trois hauts responsables de l'AKP ont confié à Reuters que l'option d'un retour aux urnes semblait désormais inévitable. "La possibilité de voir un gouvernement émerger de la situation actuelle est très étroite", a dit l'un d'eux. "Avec ces résultats, une élection anticipée semble inévitable."

Aux termes de la Constitution, un gouvernement doit être formé dans les 45 jours suivants la désignation du Premier ministre.

"De l'économie aux grands projets, tout est actuellement en veilleuse, et nous ne pouvons nous offrir le luxe de continuer avec un gouvernement incertain et faible au moment où le monde fait face à de grands risques économiques", explique un second cadre de l'AKP.

Dimanche soir, devant des milliers de militants de l'AKP, Davutoglu a tenté de faire bonne figure. "Tout le monde devrait voir que l'AKP est le vainqueur de ces élections. Personne ne devrait essayer de transformer une élection perdue", a-t-il déclaré.

Mais le revers électoral de l'AKP est aussi le sien. Erdogan et lui avaient présenté le scrutin comme un choix entre une "nouvelle Turquie" et un retour à une histoire marquée par des gouvernements de coalition de courte durée, l'instabilité économique et des coups d'Etat militaires.

(Benoît Van Overstraeten et Henri-Pierre André pour le service français)

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