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La bataille contre l'autorisation de la pêche électrique prend de l'ampleur
information fournie par Le Figaro05/12/2017 à 17:38

INFOGRAPHIES - La question de l'élargissement de la pratique de la pêche électrique dans l'Union européenne continue de faire des remous parmi les pêcheurs français et bien au-delà. Des associations et enseignes de distribution ont annoncé ce matin leur intention de boycotter les poissons néerlandais.

Ce mardi, le pôle industriel d'Intermarché Agromousquetaires et l'Association des poissonniers de France ont annoncé leur intention de boycotter les poissons importés des Pays-Bas. Une manière de lutter contre la pêche électrique, largement pratiquée dans les eaux hollandaises. Mardi 21 novembre dernier, la Commission «pêche» du Parlement européen ouvrait la voie à un élargissement de cette pratique, aujourd'hui limitée à l'expérimentation. Mais cette proposition doit toujours être votée au Parlement européen en séance plénière, qui aura lieu dans les mois à venir. L'occasion pour les pêcheurs français et les ONG de se mobiliser contre une technique qu'ils jugent désastreuse d'un point de vue social et environnemental.

Pratiquée avec des chalutiers à perche et des câbles équipés d'électrodes, ce type de pêche permet d'envoyer des impulsions qui étourdissent et attirent les poissons dans le filet. Elle est finalement interdite dans l'Union Européenne en 1998, pour préserver la ressource mais bénéficie toutefois de dérogations depuis 2007. A titre expérimental,5 % des bateaux de pêche d'un pays peuvent être équipées en «techniques innovantes». Mais d'après l'association environnementale Bloom, cette limitation aurait été supprimée aux Pays-Bas, ouvrant la voie à la pratique massive de pêche électrique par les Néerlandais.

Une désertification totale de l'écosystème

Accusant non seulement les industriels de concurrence déloyale, les marins artisanaux se sont mobilisés contre une pratique qui épuiserait les ressources halieutiques. «On court à la catastrophe. La pêche électrique aura des conséquences environnementales énormes si elle continue d'être pratiquée. Cela provoquera la désertification totale de l'écosystème», a expliqué au Figaro Claire Nouvian, présidente de Bloom. Et d'avertir: «C'est une vision industrielle, capitalistique, hégémonique contre la logique artisanale qui devrait prévaloir ; il faut que les Parlementaires se réveillent car sinon l'Union européenne risque d'être décrédibilisée». Frédéric Le Manach, directeur scientifique de l'association, s'inquiète également d'une technique «extrêmement brutale» qui consiste à «happer et brûler les poissons, fracturant leur colonne vertébrale». En effet, d'après une étude menée par le ministère de l'Agriculture néerlandais, plus de la moitié des cabillauds de grande taille capturés par les chaluts électriques auraient la colonne vertébrale fracturée».

Impact social colossal

Et si la pratique est jugée dangereuse et brutale par les marins, ses impacts sociaux sont également pointés du doigt par ses détracteurs. «L'impact social est colossal. Aujourd'hui, beaucoup de pêcheurs ont mis la clé sous la porte, on assiste à un réel effondrement des possibilités de pêche depuis 2014», déplore Frédéric Le Manach. Au regard de ces conséquences, le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, Stéphane Travest, avait également fait connaître son opposition à l'élargissement de la pratique, indiquant que la France «s'opposera à toute levée de l'interdiction de cette pratique, au-delà de la dérogation limitée actuelle».

Pour leur part, les défenseurs néerlandais de la pêche électrique pointent des gains de 20% par rapport à la pêche artisanale, ainsi que des rendements et des revenus plus élevés. Ils font également valoir les économies de carburants, réduits de 46% d'après eux.

Le dossier devra être examiné en séance plénière du Parlement, à une date encore inconnue , avant la réunion du trilogue du Parlement, de la Commission et du Conseil des ministres.

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