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L'interview d'Elie Cohen (CNRS) : « La vente d'Alstom à GE est un échec industriel français »
information fournie par Boursorama 24/06/2014 à 14:40

En prenant le contrôle des turbines à gaz d'Alstom, General Electric réalise une superbe opération industrielle selon Elie Cohen.

En prenant le contrôle des turbines à gaz d'Alstom, General Electric réalise une superbe opération industrielle selon Elie Cohen.

Si l’Etat a obtenu quelques concessions et fait son retour dans le capital d’ Alstom , il n’en reste pas moins que la vente des activités énergie du groupe français à General Electric est l’aboutissement d’un échec industriel, dernière étape du démantèlement du conglomérat Alcatel-Alstom, regrette Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS.

Quelle est votre réaction après l’accord finalement trouvé entre Alstom et General Electric qui permet au groupe américain de prendre le contrôle de la majeure partie des activités énergie du groupe français ?

Elie Cohen : Il y a deux façons d’analyser la situation : d’abord considérer qu’au terme d’une réflexion stratégique majeure, les dirigeants d’Alstom ont considéré que le groupe français n’avait plus les moyens de jouer seul sur la scène internationale. La direction d’Alstom a donc choisi de vendre à General Electric et finalement réussi à convaincre le gouvernement du bien-fondé de cette solution. Dans ce cas, l’accord trouvé ce week-end est un succès. La deuxième façon de voir les choses est de considérer qu’Alstom a eu tort d’engager des discussions avec General Electric. Le gouvernement a voulu promouvoir une solution européenne visant à la création d’un Airbus de l’énergie puis une solution Siemens-Mitsubishi. Dans ce cas, il a clairement échoué. On arrivera à la conclusion que l’Etat n’avait pas d’autres solutions que d’améliorer à la marge les termes de l’accord passé entre Alstom et General Electric.

Si Bercy n’était pas initialement favorable à l’offre de General Electric, le gouvernement a effectivement obtenu des avancées importantes, dont une entrée au capital de l’Etat avec un droit de veto dans la coentreprise sur les turbines nucléaires, et des garanties en matière de création d’emplois. Un motif de satisfaction ?

E.C : Dès le départ, le gouvernement a adopté une stratégie double : celle du « good cop » représenté par François Hollande, insistant avant tout sur la préservation de l’emploi et le maintien des centres de décisions en France, et celle du « bad cop » représenté par Arnaud Montebourg, menaçant General Electric de bloquer l’accord, voire de nationaliser Alstom. A l’arrivée, l’existence du « bad cop » Montebourg a permis d’améliorer à la marge ce que voulait le « good cop » Hollande…

Après le désaveu sur Florange fin 2012, s’agit-il selon vous d’un succès personnel pour Arnaud Montebourg ?

E.C : Absolument pas. Ne l’oublions pas, nous sommes en présence d’un échec industriel français. Le résultat irréfutable est qu’un ancien fleuron de l’industrie française passe sous pavillon américain. Nous vivons le terme du long processus de décomposition de l’ancien conglomérat qu’était la Compagnie générale d’électricité (CGE) à l’origine du groupe Alcatel-Alstom. Des erreurs majeures ont été évitées comme une nationalisation ou la recherche à tout prix d’actionnaires français qui auraient pu envoyer un signal très négatif à des entreprises étrangères souhaitant investir en France. A l’arrivée, la ligne Hollande-Valls a triomphé mais la communication gouvernementale nous présente l’accord comme une victoire de la ligne Montebourg…

L’Etat, qui avait vendu à Bouygues sa participation de 30% dans Alstom en 2006, va lui racheter 20% du capital d’Alstom. Comment interprétez-vous ce come-back de l’Etat actionnaire ?

E.C : Bouygues voulait vendre sa participation. Mais quel actionnaire privé aurait accepté de racheter cette participation dans un groupe en passe de vendre les 2/3 e de son activité ? L’Etat était dans l’obligation de racheter cette part. Bouygues a garanti à ce dernier qu’il aurait la possibilité de lui racheter sa part à un prix de 35 euros pendant la durée de l’opération ( Alstom cotait mardi matin sous les 27 euros ).

Comment jugez-vous les pénalités annoncées par Bercy au cas où General Electric ne créerait pas les 1.000 emplois nets promis en France en trois ans ?

E.C : Cela n’a aucun sens ! General Electric est présent sur le territoire national depuis très longtemps et s’est volontairement engagé à créer des emplois ! Il le fera… Dès lors, pourquoi instaurer ces pénalités ? Il s’agit d’une opération de communication pour masquer le fait que la vente d’Alstom est un énième échec industriel pour la France.

Quel avenir pour le nouveau groupe GE-Alstom dans l’énergie ?

E.C : General Electric a fait le choix pertinent du recentrage industriel et réalise avec Alstom une superbe acquisition, notamment dans le domaine des turbines à gaz. Les salariés d’Alstom vont participer à une nouvelle aventure industrielle et n’ont pas de soucis à se faire pour leurs emplois.

Et celui d’Alstom Transport ?

E.C : La situation est différente. C’est une entreprise sous-dimensionnée dont l’avenir reste ouvert. Nous devrions assister à une recomposition du secteur et un rapprochement d’Alstom Transport avec l’un de ses concurrents (Bombardier, Siemens, Mitsubishi etc.). Le successeur de Patrick Kron devra gérer ce dossier en priorité.

Propos recueillis par Julien Gautier

14 commentaires

  • 25 juin 10:32

    E. Cohen après avoir soutenu F.H. jusqu'à son élection est très déçu de sa politique! Il aurait dû écouter Max Gallo, ancien porte parole de F.M. : " je connais trop les socialistes pour leur faire confiance", il a voté N.S. en 2007 et 2012 !!!


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