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L'Europe encore trop divisée face à la crise migratoire
information fournie par Reuters 14/09/2015 à 12:09

L'UE CHERCHE UNE RÉPONSE À LA CRISE MIGRATOIRE

L'UE CHERCHE UNE RÉPONSE À LA CRISE MIGRATOIRE

par Philip Blenkinsop

BRUXELLES (Reuters) - Les ministres de l'Intérieur d'une Union européenne fortement divisée se réunissent ce lundi après-midi à Bruxelles pour tenter de s'accorder sur la réponse à apporter aux arrivées de migrants et de réfugiés.

"Il faut désormais progresser rapidement sur les propositions de la Commission", a déclaré l'exécutif bruxellois dans un communiqué.

Alors que des dizaines de milliers de migrants fuyant la guerre ou la misère au Proche-Orient et en Afrique cherchent une vie meilleure en Europe, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a proposé mercredi dernier de répartir à travers l'UE de manière contraignante et selon des critères de taille, de population ou de poids économique un total de 160.000 demandeurs d'asile arrivés ces derniers mois en Italie, en Grèce et en Hongrie.

Mais ce "mécanisme de répartition", soutenu par Berlin et Paris, ne fait pas l'unanimité au sein des Vingt-Huit, notamment à l'Est où le ministre slovaque de l'Intérieur, Robert Kalinak, a averti dimanche qu'il opposerait un veto à toute décision que pourrait prendre le conseil "Justice et affaires intérieures" (JAI) sur des quotas obligatoires de migrants.

"Je n'ai pas le sentiment que nous aurons un accord au niveau ministériel", a déclaré un diplomate européen.

L'Allemagne, qui avait décidé le 4 septembre, en coordination avec l'Autriche, d'ouvrir ses frontières aux milliers de migrants bloqués en Hongrie, a rétabli dimanche des contrôles à ses frontières pour endiguer le flot de réfugiés affluant sur son territoire.

"L'objectif de cette mesure est de limiter l'afflux actuel vers l'Allemagne et d'en revenir à des procédures ordonnées pour l'entrée des personnes dans le pays", a expliqué le ministre allemand de l'Intérieur Thomas de Maizière.

La Slovaquie a annoncé elle aussi, lundi matin, qu'elle réintroduisait des contrôles temporaires à ses frontières avec la Hongrie et l'Autriche.

BERLIN VEUT DE LA SOLIDARITÉ

Il s'agit pour Berlin d'accentuer la pression sur ses partenaires européens. Plusieurs ministres du gouvernement d'Angela Merkel soulignent que l'Allemagne arrive au bout de ses capacités d'accueil et exhortent les autres pays membres de l'UE à faire preuve d'un peu plus de solidarité.

"L'absence de décisions européennes dans la crise des réfugiés accule l'Allemagne à la limite de ses possibilités", a souligné le vice-chancelier Sigmar Gabriel dans une interview parue sur le site internet du Tagesspiegel.

Selon la police bavaroise, 13.000 demandeurs d'asile sont arrivés à Munich samedi et 4.500 autres dimanche. Depuis le 31 août, 63.000 réfugiés sont arrivés à Munich et de l'avis de l'administrateur bavarois Christoph Hillenbrand, la ville ne pourra pas indéfiniment faire face à un tel afflux.

Les contrôles aux frontières pourraient rester en vigueur "au moins quelques semaines", a précisé lundi matin le ministre de l'Intérieur du Land de Bavière, Joachim Herrmann.

L'Autriche, où plusieurs milliers de migrants supplémentaires sont arrivés lundi matin en provenance de Hongrie, lui a emboîté le pas. "Si l'Allemagne procède à des contrôles aux frontières, l'Autriche doit renforcer ses contrôles, c'est ce que nous faisons", a déclaré dans la matinée le vice-chancelier Reinhold Mitterlehner.

D'après la police autrichienne, 14.000 personnes sont arrivées dans la journée de dimanche et encore 6.000 à 7.000 dans la nuit et la matinée de ce lundi.

La libre circulation à l'intérieur des frontières des 26 pays signataires des accords de Schengen est un des piliers du projet européen mais des contrôles peuvent être réintroduits à condition qu'ils soient temporaires, pendant une durée variant de dix jours à deux ans, dans les cas de figure exceptionnels.

En France, François Hollande a exigé lundi que l'Union européenne règle sans délai la question des contrôles à ses frontières extérieures pour pouvoir accueillir dignement les réfugiés avec la mise en place de "hotspots", des centres d'enregistrement, en Grèce, en Italie ou encore en Hongrie, les principaux pays d'entrée dans l'espace européen.

"L'Allemagne, comme la France, demande que l'Europe puisse avoir un contrôle sur ses frontières et c'est la condition pour que les réfugiés puissent être accueillis dignement et de manière maîtrisée et que puisse être distingué ce qui relève du droit d'asile et ce qui a trait à des distorsions économiques", a déclaré le président français.

SOMMET EUROPÉEN EXTRAORDINAIRE ?

Des réunions préparatoires au conseil européen des ministres de l'Intérieur, qui se sont tenues dimanche soir puis lundi matin à Bruxelles, n'ont produit aucun résultat.

Paris et Berlin appuient le système de répartition obligatoire préconisé par Juncker. Plusieurs pays d'Europe centrale ont en revanche réaffirmé dimanche qu'ils y étaient hostiles, en arguant que le projet de la Commission encouragerait un afflux supplémentaire de réfugiés et menacerait la cohésion de leurs sociétés.

Le Premier ministre tchèque, Bohuslav Sobotka, et le ministre slovaque de l'Intérieur, Robert Kalinak, ont ainsi averti ce week-end que leurs pays opposeraient leur veto à la mise en place de quotas obligatoires de migrants.

La Pologne, par la voix de son secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Rafal Trzaskowski, s'est dite prête à accepter davantage de migrants que les 2.000 pour l'instant prévus si plusieurs conditions sont remplies, dont le renforcement de la sécurité des frontières extérieures de l'UE.

Donald Tusk, président du Conseil européen, a prévenu qu'en cas d'échec de la réunion des ministres de l'Intérieur, il convoquerait un sommet extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Huit avant la fin du mois.

(avec Noah Barkin à Berlin, Francois Murphy à Vienne et Gilbert Reilhac en Haute-Saône; Eric Faye et Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Henri-Pierre André pour le service français)

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