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L'édito de Marc Touati : Et un, et deux, et trois zéros
information fournie par Boursorama 19/08/2014 à 18:45

Selon l'économiste Marc Touati, le sceptre de la déflation s'installe de plus en plus en France.

Selon l'économiste Marc Touati, le sceptre de la déflation s'installe de plus en plus en France.

Le risque de déflation grandit en France. Alors que tous les voyants de la conjoncture sont dans le rouge, l’économiste Marc Touati (cabinet ACDEFI) estime que la dette publique française pourrait être dégradée de deux rang d’ici la fin de l’année.

Sans surprise, la croissance française a encore été nulle au deuxième trimestre 2014. Pour être tout à fait exact, le PIB national a même reculé de 0,02% . Au cours des quatre derniers trimestres, la variation annuelle moyenne de celui-ci a été de 0 %. Autrement dit, si la France évite de justesse la récession, elle est bien en stagnation depuis un an.

Compte tenu de cette piètre performance, l’acquis de croissance du PIB français pour 2014 au sortir du premier semestre n’est que de 0,3 %. Autrement dit, comme nous l’annoncions depuis des mois, les prévisions gouvernementales en matière de croissance et de comptes publics sont bien devenues impossibles . Conscient de cette triste réalité, le ministre Sapin a d’ailleurs réduit de moitié sa prévision de croissance de 1 % à 0,5 % pour l’année 2014. Mais, là encore, rien n’est garanti. En effet, pour atteindre 0,5 %, il faudrait que le PIB augmente de 0,3 % tant au troisième qu’au quatrième trimestre, ce qui est loin d’être assuré.

Et pour cause : tous les indicateurs avancés de la croissance sont à la baisse. A commencer par les indices INSEE du climat des affaires, mais aussi les indicateurs des directeurs d’achat dans l’industrie et les services. En outre, l’autre grande mauvaise nouvelle des comptes nationaux du deuxième trimestre (après la stagnation du PIB) réside dans la nouvelle baisse de l’investissement. Tout d’abord, celui des entreprises : - 0,8 %, après déjà - 0,7 % au premier trimestre. Comparativement à son niveau d’avant-crise (c’est-à-dire celui du premier trimestre 2008), l’investissement des entreprises françaises affiche ainsi une chute de 7,6% . Mais, il y a encore plus grave : au deuxième trimestre 2014, l’investissement logement des ménages a encore baissé de 2,4 %, enregistrant son dixième trimestre consécutif de baisse, soit une chute de 11,6%. Depuis son précédent sommet du quatrième trimestre 2007, l’investissement logement s’effondre de 24,7 % !

Au-delà du caractère dramatique de ces chiffres, la baisse durable de l’investissement des entreprises et des ménages indique que l'économie française est toujours très loin du rebond. En effet, la régression de l’investissement est un indicateur avancé de la baisse de l’emploi , donc de la faiblesse à venir des revenus et de la consommation. Autrement dit, si cette dernière a augmenté de 0,5 % au deuxième trimestre, après avoir reculé de 0,5 % au premier, elle devrait repartir à la baisse pour le second semestre 2014 . Et ce n’est pas l’augmentation « surprise » de 0,1 % de l’emploi au deuxième trimestre qui va changer la donne. Non seulement parce que cette évolution est portée principalement par l’emploi dans l’intérim, mais aussi parce qu’elle est loin de pouvoir contrecarrer la baisse de l’emploi des trimestres précédents et des trimestres à venir.

Il ne faut pas se leurrer : ce n’est pas en annonçant depuis des mois que « la crise est finie », que « la croissance est là » ou encore que « le retournement économique » est pour demain que ces conjectures fantaisistes vont devenir réalité. Pour que la croissance revienne dans l’Hexagone, il faut avant tout prendre des mesures concrètes, profondes et rapides : réduire les impôts pour tous, diminuer drastiquement les dépenses publiques de fonctionnement, fluidifier fortement le marché du travail… Bref, beaucoup plus que le « pacte de responsabilité », qui, comme ses nombreux prédécesseurs, n’aura que très peu d’impact positif sur l’activité économique.

Pis, cette nouvelle déception ne manquera pas d’assombrir encore l’horizon des entreprises et des ménages français, qui continueront donc de réfréner leurs dépenses, alimentant le cercle pernicieux « défiance - désinvestissement - chômage - stagnation ». Pour ne rien arranger, le spectre de la déflation s’installe de plus en plus dans l’Hexagone . Avec un niveau de 0,5 % depuis deux mois, le glissement annuel des prix à la consommation est effectivement bien parti pour atteindre 0 % d’ici l’automne prochain. La France pourra donc se prévaloir d’un triple zéro : sur la croissance, sur l’inflation et sur la crédibilité en matière de politique économique et de réduction des déficits publics.

Au total, même si nos prévisions de croissance française pour 2014 étaient déjà très prudentes, nous sommes contraints de les réviser à la baisse . Nous tablons désormais sur une augmentation annuelle du PIB de 0,4 % dans le meilleur des cas. Dans ce cadre, le chômage continuera de battre des records au moins jusqu’au printemps 2015. De même, le déficit public devrait avoisiner les 4,5 % du PIB cette année. Quant à la dette publique, elle atteindra sans difficulté les 100 % du PIB courant 2015.

En prévision de ce nouveau dépassement des objectifs de comptes publics, la note de la France sera dégradée d’au moins deux crans d’ici la fin d’année. Alors que certains la croyaient définitivement enterrée, la crise de la dette publique devrait donc revenir en fanfare dès cet automne , mais cette fois-ci, ce sera dans notre douce France.

Marc Touati

60 commentaires

  • 02 septembre 18:44

    Il y avait longtemps que le corbeau de la Bourse n'avait pas ouvert son bec. D'ailleurs, chaque fois qu'il le fait, le CAC reprend 300 points...


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