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Décision de la BCE : bien comprendre l'événement attendu aujourd'hui
information fournie par Boursorama22/01/2015 à 12:00

La politique de la BCE autour du "quantitative easing" n'est pas si compliquée qu'elle peut en avoir l'air.

La politique de la BCE autour du "quantitative easing" n'est pas si compliquée qu'elle peut en avoir l'air.

Depuis plusieurs semaines, les investisseurs avaient les yeux rivés sur la Banque Centrale Européenne (BCE) et ses annonces très attendues qui ont eu lieu aujourd'hui en début d'après-midi. Le fameux "quantitative easing" ne parlant pas forcément à tout le monde, voici les clés de compréhension du sujet.

Pour contextualiser l'événement ( voir le bilan des annonces de la BCE survenues jeudi ), rappellons que c’est en avril 2014 que la BCE avait annoncé pour la première fois son projet de relancer l’économie de la zone euro à l’aide d’un plan massif et inhabituel de rachat de titres sur les marchés.

La baisse des taux directeurs ne suffisait pas

Habituellement, une banque centrale peut réguler le dynamisme d’une zone monétaire en abaissant ou relevant ses taux directeurs auxquels les banques et les grandes institutions de crédit peuvent se refinancer. Avec des taux élevés, les principaux acteurs du marché sont incités à placer leur argent à des taux de rémunération intéressants sans investir dans l’économie réelle. Cela se fait donc dans les périodes dynamiques où la banque centrale cherche à éviter une surchauffe de l’économie (en 2007 par exemple).

Avec des taux très faibles au contraire, les placements sont très peu rémunérés et il devient alors plus intéressant pour les banques d’investir dans des projets économiques plus rentables, ce qui permet de relancer l’activité économique lorsque celle-ci va mal (en 2009 par exemple). C’est pour cette raison que la BCE a abaissé ses taux directeurs à seulement 0,05% en septembre 2014, alors qu’ils étaient encore à 4% début 2008. Or, malgré des taux à presque 0%, l’économie ne redémarre que très mollement. D’où le besoin d’un plan d’action supplémentaire.

Le plan d’action : le fameux « quantitative easing »

Ce plan d’action supplémentaire est désigné sous le terme de « quantitative easing » (assouplissement quantitatif). Il s’agit du mécanisme suivant : la BCE va émettre de grandes quantités d’euros afin de racheter des titres sur les marchés, ce qu’elle ne fait pas habituellement. Emettre de la monnaie en grande quantité permet d’affaiblir mathématiquement l’euro face aux autres devises, ce qui devrait favoriser les exportations européennes et donc améliorer les résultats des entreprises, permettant in fine la croissance du PIB de la zone euro.

À noter que la technique de « quantitative easing » avait déjà été utilisée massivement par la Fed (Banque centrale américaine) dès 2008. Trois plans différents de « quantitative easing » ont même été adoptés successivement aux Etats-Unis, le dernier d’entre eux (désigné « QE3 ») s’étant terminé en octobre 2014. On attribue un grand rôle à ces plans de relance monétaire dans l’actuel dynamisme de l’économie américaine (+3% de croissance environ en 2014).

Combattre la déflation

Surtout, l’accroissement de la masse monétaire devrait permettre le retour à davantage d’inflation, de manière à éviter la déflation vers laquelle la zone euro se dirige. La déflation (baisse régulière des prix mais aussi des salaires à plus long terme) est un phénomène problématique pour la croissance, du fait que les agents économiques ont tendance à repousser leurs grands achats à plus tard.

Or, en repoussant leur consommation, les agents accentuent le manque de dynamisme économique et donc la déflation elle-même. Le mécanisme s’auto-entretient et peut devenir un vrai handicap pour l’économie. C’est surtout pour cette raison que la BCE a annoncé son projet de « QE », alors que l’inflation constatée en zone euro n’a pas cessé de diminuer au cours de l’année 2014.

Achat de titres et « augmentation du bilan »

En achetant des titres, la BCE ne cherche pas à faire des profits. Son but est avant tout la création et l’injection monétaire dans le circuit économique. Néanmoins, en faisant cela, la BCE augmente la taille de son bilan comptable, composé principalement de créances auprès des établissements bancaires et de réserves en or, auxquelles s’ajouteraient donc bientôt de nouveaux titres financiers. Actuellement, l’ensemble du bilan de la BCE s’évalue à environ 2000 milliards d’euros. Le plan de « quantitative easing » annoncé concernerait des rachats de titres financiers à hauteur de 1000 milliards d’euros à terme, faisant monter le bilan de la BCE à 3000 milliards d’euros.

Pour l’instant, les rachats effectués par la BCE dans le cadre du plan de « quantitative easing » sont encore limités. Fin 2014, la BCE avait déjà racheté certains titres financiers « techniques » pour des montants relativement réduits. Il s’agissait des « covered bonds » (obligations sécurisées) et des « ABS » (asset-backed securities, qui représentent des crédits titrisés échangeables sur les marchés).

22 janvier : l’annonce attendue du rachat d’obligations souveraines

Ce que les acteurs du marché attendent le 22 janvier est l’annonce du rachat de titres beaucoup plus courants et sujets à beaucoup de discussions : les obligations d’Etat européens. Jusqu’ici, cela était impossible car légalement interdit par le Traité de Lisbonne adopté en 2007. Or, cela semble désormais possible alors que la semaine dernière, la Justice européenne a indirectement donné son feu vert pour ce type d’opération. Le rachat d’obligations souveraines pourrait donc s’élever à un montant d’environ 600 milliards d’euros, soit plus de la moitié de l’ensemble du plan de « QE » annoncé.

En rachetant ces obligations, la BCE répondrait aussi indirectement à une autre inquiétude des marchés : celle de la soutenabilité des dettes souveraines européennes. L’impossibilité du rachat des dettes souveraines par la Banque centrale avait déclenché la crise de l’euro-zone à partir de 2010, se soldant notamment par un défaut partiel de la Grèce sur sa dette à l’été 2012. Cette fois-ci, en achetant des obligations d’Etats, la BCE devrait empêcher une seconde crise de la zone euro. Un sujet d’autant plus sensible que les craintes autour de la Grèce reviennent de plus belle depuis quelques semaines sur les marchés.

Si la BCE annonce bien le rachat de dettes souveraines aujourd'hui, les investisseurs seront soulagés bien que l’annonce ne fasse plus guère de doutes. À noter que cette annonce ne plaira pas pour autant à tout le monde, l’Allemagne ayant toujours désapprouvé le rachat de titres « risqués » sur les marchés de la part de la BCE. À noter par ailleurs que le « QE » ne pourra pas sauver l'économie de la zone euro à lui seul : pour que la croissance revienne, ce sont aussi les Etats européens eux-mêmes qui devront continuer à se réformer.

Xavier Bargue

29 commentaires

  • 23 janvier10:35

    ça peut marcher au niveau d'un pays, pas au niveau de l'Europe... non ?


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