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Ben Bernanke s'interroge sur l'avenir des politiques monétaires
information fournie par Boursorama22/04/2015 à 18:21

Ben Bernanke, ancien président de la Fed, passe en revue différentes solutions pour la politique monétaire de demain.

Ben Bernanke, ancien président de la Fed, passe en revue différentes solutions pour la politique monétaire de demain.

Sur son blog ouvert il y a seulement trois semaines, Ben Bernanke, ancien président de la Fed (Banque Centrale américaine), consacre un article de réflexion à ce que pourrait être la politique monétaire dans les années à venir. Plusieurs solutions sont envisagées.

Depuis plusieurs années, les Banques Centrales des grandes zones monétaires (dollar et euro notamment) sont entrées dans une situation inconfortable. En effet, la Fed comme la BCE appliquent des taux directeurs proches de 0% pour redynamiser l’économie réelle mais, face à l’insuffisance de cette mesure, les deux Banques Centrales en sont venues, l’une après l’autre, à entreprendre de larges plans de « quantitative easing » (injection de liquidités par le rachat de titres sur les marchés). Ne faudrait-il pas envisager de nouvelles méthodes pour la politique monétaire de demain ? C’est sur cette question que réfléchit Ben Bernanke.

Solution n°1 : un taux directeur défini par une équation mathématique

L’ancien président de la Fed réfléchit tout d’abord à l’idée d’une « politique monétaire du futur » qui serait le simple résultat d’une équation mathématique, basée sur des critères objectifs.

Cette solution serait tentante, explique Ben Bernanke, car les agents économiques pourraient ainsi prévoir plus facilement l’évolution à venir des taux en fonction des variables économiques prises dans l’équation (taux de chômage, inflation et croissance par exemple). « La politique monétaire devrait être aussi transparente et automatisée que possible », reconnaît ainsi Ben Bernanke.

« Néanmoins, je suis également certain que dans une économique complexe et en évolution permanente, l’élaboration de la politique monétaire ne peut pas être définie par une simple règle », surtout une règle purement mathématique, poursuit-il.

En effet, la « mise en équation » du taux de la Fed a déjà été partiellement testée dans le passé. Certains se souviendront ainsi de la « règle de Taylor » qui prévalait de la fin des années 1990 au début des années 2000. Cette règle permettait théoriquement d’estimer le niveau « optimal » des taux directeurs de la Fed en fonction de l’inflation mesurée dans le pays ainsi que de quelques autres variables. Or, suite à l’éclatement de la bulle Internet, Alan Greenspan avait largement dérogé à cette règle en abaissant drastiquement les taux directeurs. D’où l’idée, partagée par Ben Bernanke, que dans certaines périodes économiques difficiles, les taux ne pourraient pas suivre une équation immuable.

Possibilité n°2 : une politique monétaire aux objectifs variables

Puisqu’une politique monétaire « mathématisée » ne serait donc pas satisfaisante, une autre possibilité serait de changer, quand cela est nécessaire, les objectifs de la Banque Centrale, affirme Ben Bernanke.

En effet, jusqu’ici, les objectifs poursuivis par la Fed sont les mêmes depuis plusieurs décennies : garder une inflation autour de 2%, permettre le « plein emploi » (en-dehors du taux de chômage qualifié de « naturel »), et pousser la croissance économique. En fonction de la conjoncture, le FOMC (Federal Open Market Committee), organe de la Fed chargé de la politique monétaire, fixe la priorité entre ces trois objectifs. Par exemple, ces dernières années, l’objectif sur l’inflation à 2% arrivait en dernier, alors que les objectifs du plein emploi et de la croissance arrivaient en premier.

Or, pour l’ancien président de la Fed, le fait de laisser de côté temporairement l’un ou l’autre des objectifs peut donner aux agents économiques le sentiment que la Fed ne maîtrise pas toujours la situation. La solution à cela ? Faire évoluer les objectifs en fonction de la conjoncture, explique Ben Bernanke. Par exemple, à certains moments, l’objectif d’inflation affiché pourrait passer à 4% ou à 1% au lieu de 2% en fonction du contexte. Les investisseurs pourraient ainsi y voir plus clair sur les objectifs réels de la politique monétaire à court terme.

« Avec mes collègues de la Fed, nous avions passé de longs moments à réfléchir sur de telles solutions dans la période succédant à la crise financière », explique Ben Bernanke. Cependant, « chaque solution a ses défauts », reconnaît-il. Par exemple, en changeant parfois son objectif d’inflation, la Fed pourrait troubler la confiance des agents dans la capacité de la Banque Centrale à maintenir la valeur de sa monnaie sur le long-terme. Le risque serait alors de retomber dans le travers des anticipations incontrôlables d’inflation comme cela était le cas dans les années 1980.

Solution n°3 : une meilleure adéquation entre politique monétaire et budgétaire

Puisque cette seconde solution n’est donc pas, elle non plus, tout à fait satisfaisante pour la « politique monétaire du futur », Ben Bernanke évoque une troisième éventualité. « Economiquement, il serait préférable d’avoir des politiques fiscales plus dynamiques, et un mélange plus équilibré entre la politique monétaire et la politique fiscale lorsque les taux d’intérêts sont déjà proches de zéro », affirme-t-il.

L’idée : donner éventuellement davantage de souplesse à la politique budgétaire de l’Etat, de manière à ce que celui-ci puisse faire varier marginalement le niveau des taxes et impôts en fonction de la conjoncture. Ce levier de politique économique permettrait ainsi de redynamiser l’activité économique dans les périodes difficiles, sans que la Banque Centrale ait forcément recours au « quantitative easing » monétaire qui est presque devenu la norme aux Etats-Unis, en Europe et au Japon ces dernières années.

En effet, si le « quantitative easing » permet de provoquer un électrochoc pour ranimer une économie moribonde, ses défauts restent non négligeables et cette méthode ne doit pas devenir la norme à long terme. La forte augmentation du bilan des banques centrales est un premier problème. Les distorsions provoquées sur les marchés (« inquiétudes sur la stabilité financière » évoquée par l’ancien président de la Fed) en est un autre.

Modeste, Ben Bernanke termine sur l’idée qu’il n’a pas de solution miracle pour la politique monétaire de demain. « Je ne recommande pas aujourd’hui une taille de bilan optimale pour la Fed. C’est un sujet complexe qui mériterait des discussions plus poussées. Mon but aujourd’hui est de contribuer à cette réflexion et d’encourager davantage de débat public à ce sujet », conclut-il.

Xavier Bargue

6 commentaires

  • 24 avril14:48

    un pas en avant un pas en arrière ..baisse + hausse ..etc etc .. l'argent des petits porteurs revenus timidement va encore trinquer !


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