Au bout du fil, la joie fait trembler une voix habituellement douce mais ferme. « C'est la fin d'un processus très dur, mais aussi le début d'une nouvelle étape, pour toutes ! » se réjouit Alika Kinan, à peine sortie du tribunal qui a condamné mercredi 30 novembre ses proxénètes à des peines de prison. Les biens et comptes bancaires des trois accusés seront saisis et donnés au Bureau national de sauvetage des victimes de la traite. « On va pouvoir faire plein de choses avec ça. En avant ! Il reste beaucoup de travail à accomplir », ajoute-t-elle, déjà déterminée à engager de nouveaux combats. En parallèle, dans la procédure civile, la municipalité d'Ushuaia a été jugée coupable de complicité de traite de personnes et devra verser une amende de 780 000 pesos (environ 46 000 euros).
Alika Kinan a aujourd'hui 40 ans, dont près de 20 passés à se prostituer. Vocabulaire riche, aisance à l'oral, arguments clairs : « J'ai terminé le lycée. Et je lis beaucoup. Ça aide peut-être, je ne sais pas? » dit-elle avec un ton souriant. En bruit de fond, on entend des enfants jouer, rire et appeler leur mère. Elle a quatre filles et deux petits garçons. Sa vie est digne d'un roman, dont le dénouement était attendu par tout un pays.
Le « salon de massage »
Alika a 16 ans lorsque ses parents se séparent. Son père, violent et joueur, abandonne son épouse et ses deux filles. Sans ressources...
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