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« Affaire Volkswagen : le couple franco-allemand ébranlé ? » (Cercle des économistes)
information fournie par Boursorama28/09/2015 à 10:50

Christian Stoffaës revient sur les implications de l'affaire Volkswagen en termes de relations franco-allemandes.

Christian Stoffaës revient sur les implications de l'affaire Volkswagen en termes de relations franco-allemandes.

L'affaire de tricherie au logiciel chez Volkswagen ne fait que commencer. Les conséquences seront nombreuses, tant sur le plan industriel que politique. Selon Christian Stoffaës, le couple franco-allemand devra avancer main dans la main pour surmonter l'épreuve.

Même si le VW-gate paraît bien éloigné de la relation franco-allemande, il y a des conséquences à prévoir.

D'abord sur l'image de marque, si essentielle dans la compétition commerciale sans merci que se livrent les constructeurs. Le slogan Deutsche Qualität a pris un coup : les Allemands ne sont-ils donc pas si fiables qu'ils le clament ? La belle organisation de la communication collective de l'industrie automobile a su parer aux tentations de Schadenfreude (joie malsaine) de la part des rivaux. Mais comment imaginer qu'une expansion aussi spectaculaire que celle de la firme de Wolfsburg - désormais hissée au premier rang mondial - n'ait pas suscité des jalousies latentes?

Au delà du seul secteur phare concerné, le dommage collatéral rejaillit sur l'ensemble de l'industrie allemande qui a construit sur la relation de confiance avec ses clients sa puissance exportatrice, insensible au taux de change. S'il y a moins de compétitivité hors-prix, les débats macro-économiques en Europe avec les cancres en seront adoucis. Rééquilibrage analogue pour le leadership de la nouvelle économie verte à laquelle prétendent nos voisins. Exemple : leur avance colossale dans les énergies renouvelables, le  discrédit jeté sur nos centrales nucléaires (s'ils arrêtent les leurs, c'est  qu'ils ont de bonnes raisons...?). Donc les Français peuvent reprendre un peu de confiance face à leurs complexes devant l'insolente réussite allemande, même s'il faut se garder de la tentation du bonheur des uns construit sur le malheur des donneurs de leçons.

D'autant qu'il faudra faire face, ensemble, aux bouleversements engendrés sur l'industrie automobile qui est, dans les deux pays, la principale branche industrielle. L'automobile, déjà sous surveillance depuis le père-fondateur Ralph Nader, va l'être encore davantage avec le renforcement des normes, mais surtout des contrôles. Le diesel est déjà sur la sellette pour ses émissions d'oxyde d'azote et de particules fines. Le paradoxe est que c'est sur le marché américain qu'a sonné l'hallali de la chasse au carburant nocif alors qu'il n'est que faiblement dieselisé (3%) – ce qui pose des questions sur la pertinence stratégique d'avoir encouru un tel risque de tricherie pour un enjeu aussi minime.

Le diesel est plébiscité (70%) en France et en Allemagne, par l'Etat (et ses incitations fiscales), les constructeurs (qui ont beaucoup investi), les pétroliers (qui optimisent leurs raffineries), le public (le prix à la pompe). Défi commun franco-allemand pour les investissements et l'innovation, mais aussi d'harmonisation réglementaire et face à Bruxelles : le diesel est-il à terme condamné ; où faut-il placer le curseur de la coercition ?

Impact sur les opinions publiques et les équilibres politiques enfin. Après l'amiante, les aérosols, le tabac, etc, vient le tour de l'automobile. Que des industries aussi solidement établies soient ciblées, voire en voie de prohibition, démontre que la critique écologique c'est du sérieux. Construit à son origine sur la contestation radicale, l'écologie est désormais au cœur du mainstream politique, maintenant à égalité dans les deux pays. La conscience écologique française a rattrapé l'allemande. Les écologistes ont gagné, mais ils ont perdu le monopole de l'écologie. La réglementation diesel est une conséquence directe des négociations de l'Internationale verte sur l'atmosphère. La 21ème conférence du Climat, dans laquelle notre pays s'est tellement engagé, ne pouvait rêver meilleure séquence introductive politico-médiatique que le dieselgate.

Christian Stoffaës

Christian Stoffaës est membre du Cercle des économistes et Président du Conseil d'analyse économique franco-allemand.

Le Cercle des économistes a été créé en 1992 avec pour objectif ambitieux de nourrir le débat économique. Grâce à la diversité des opinions de ses 30 membres, tous universitaires assurant ou ayant assuré des fonctions publiques ou privées, le Cercle des économistes est aujourd'hui un acteur reconnu du monde économique. Le succès de l'initiative repose sur une conviction commune : l'importance d'un débat ouvert, attentif aux faits et à la rigueur des analyses. Retrouvez tous les rendez-vous du Cercle des économistes sur leur site .

15 commentaires

  • 28 septembre19:13

    je ne vois pas pourquoi la France devrait soutenir l'Allemagne dans cette histoire... ça me rappelle le "privatiser les gains et nationaliser les pertes"... les moutons français avec leur coeur gros comme ça vont se prendre la realeconomy en pleine figure, comme d'hab...


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