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Alimentation, industrie, climatisation : le froid peut-il réussir sa révolution énergétique?
information fournie par Boursorama avec Media Services 11/10/2023 à 09:47

Indispensable dans l'agroalimentaire, de nombreux procédés industriels ainsi que pour les plus fragiles, le froid demeure glouton en électricité. Des travaux sont lancés tous azimuts pour amener la réfrigération vers davantage de sobriété.

(illustration) ( AFP / DENIS CHARLET )

(illustration) ( AFP / DENIS CHARLET )

"Environ 20% de la consommation électrique dans les pays industrialisés est liée au froid" et "cela risque d'aller crescendo avec le réchauffement climatique". La physicienne Laurence Fournaison, est revenue dans un entretien sur l'état des recherches pour rendre le froid moins gourmand en énergie.

Responsable du Laboratoire du génie des procédés frigorifiques au sein de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae), Laurence Fournaison teste en particulier dans son unité de nouveaux fluides et différents prototypes de stockage du froid.

Le froid est-il une clé de la transition énergétique, vers davantage de sobriété dans les usages? "Le froid est utilisé pour la climatisation, dans de nombreux processus industriels et l'industrie agroalimentaire qui est l'un des plus gros consommateurs de froid. Il faut savoir aussi que 60% de ce qu'on mange passe par le froid donc c'est assez important. Or, une augmentation des températures extérieures d'environ 3°C amènerait une surconsommation de 10% dans les systèmes de réfrigération", indique la scientifique.

Adapter les usages

Du côté des supermarchés, la recherche d'économies d'énergie au rayon frais est l'un des maîtres-mots, avec notamment la transition vers les désormais incontournables meubles réfrigérés à portes. "On avait un peu peur que les clients n'ouvrent pas les portes" au départ, "mais c'est tout à fait rentré dans les moeurs et cela n'a pas entraîné de perte de chiffre d'affaires", assure Yves Audo, propriétaire de magasins Intermarché dans le Pays basque et président du Conseil du Commerce de France (CDCF). Les meubles de froid pèsent pour la moitié de la consommation d'énergie du magasin, et les fermer "représente de 20 à 30% de consommation d'énergie en moins sur le froid", observe-t-il.

Plus globalement, la recherche explore les différents procédés de production de froid. "Le stockage du froid utilise un matériau à changement de phase, un peu comme un glaçon qui passe de l'état solide à liquide. Il permet par exemple de faire fonctionner un meuble de vente la nuit quand le courant est moins cher et que la température extérieure est plus basse --on consomme environ 10% de moins la nuit.

Le stockage de froid peut être utilisé à toutes les étapes de la chaîne, dans un entrepôt, un camion de transport, jusqu'au réfrigérateur domestique où on a des résultats assez intéressants: on a pu obtenir une autonomie de 8 heures si on n'ouvre pas la porte et une baisse de consommation d'énergie jusqu’à 25%.

On a aussi développé des nouveaux fluides, appelés 'coulis de glace' ou 'coulis d'hydrate de gaz' qui ont une puissance frigorifique par unité de volume plus importante: ils fonctionnent avec un débit plus faible, et donc ça pompe moins d'électricité", abonde Laurence Fournaison.

Cette dernière évoque par ailleurs la pratique de la réfrigération magnétique, "une piste qui a une quinzaine d'années mais permet juste de faire marcher un mini-bar de chambre d'hôtel mais "se heurte à la difficulté d'avoir des terres rares".

Côté clim, pas de miracle en vue

"On commence aussi à réfléchir aux conséquences que pourraient avoir de remonter de quelques degrés la température de conservation des produits surgelés. On est à -18°C, mais si on remonte d'un ou deux degrés, il y aurait des économies phénoménales à faire sur la consommation d’électricité nationale, tout en veillant bien entendu à ne pas altérer la qualité des produits", suggère t-elle encore.

Faudrait t-il alors vivre sans frigo? "Ca reporte le problème sur les supermarchés, et le froid reste un besoin indispensable à la vie, notamment pour les personnes fragiles pendant les canicules", répond-elle. Dans ce domaine, les climatiseurs gagnent en performance mais il n'y a pas de miracle ni de rupture technologique, juge t-elle. Pour consommer moins, ça repose sur des gestes comme fermer les fenêtres quand on met la clim' et ne pas la brancher à 20°C degrés mais à un écart de température raisonnable avec l'extérieur."

1 commentaire

  • 11 octobre 10:18

    On incite les gens a installer des pompes à chaleur pour économiser l'énergie. Mais toutes les pompes a chaleur sont aussi des climatiseur. Dés qu'on a une clim a va avoir tendance a l'utiliser s'il fait chaud. Donc on fera fonctionner cet appareil en été alors qu'on n'utilise pas une chaudière ou un radiateur électrique en été. On gagne en confort, mais bilan énergétique???


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